Le président démissionnaire du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi, qui avait renoncé au pouvoir sous la pression d'une puissante milice chiite, a quitté hier la capitale Sanaa après avoir été pendant des semaines assigné à résidence, selon des responsables. Appuyé par l'Occident et l'ONU, M.Hadi s'est rendu à Aden (sud) et devrait s'adresser à la nation sous 48 heures dans une allocution télévisée, a affirmé son conseiller, sous-entendant qu'il pourrait revenir sur sa démission qui n'a jamais été entérinée par le Parlement. M.Hadi et son Premier ministre Khaled Bahah ont présenté le 22 janvier leur démission deux jours après la mainmise de la milice chiite des Houthis sur la capitale Sanaa avec la prise de bâtiments officiels dont la palais présidentiel. Les deux hommes avaient été ensuite assignés à résidence et l'on ignore le sort de M.Bahah. Le président démissionnaire «a réussi à quitter sa maison samedi (hier) matin» pour se rendre à Aden, la capitale du Sud d'où il est originaire, a ajouté son conseiller sans préciser les circonstances de son départ et si les Houthis l'ont laissé partir. M. Hadi est parti de Sanaa «sans aucun arrangement, sans même en informer un parti politique», a-t-il dit. Un ministre a ensuite indiqué qu'il était arrivé à Aden. Le convoi à bord duquel M.Hadi a quitté Sanaa était composé de dizaines de véhicules, et est passé par la ville de Taëz, selon un haut responsable de sécurité à Aden. Il est logé dans une résidence présidentielle du quartier de Khormaksar. Aden, comme les autres provinces du sud et du sud-est du Yémen échappent à l'autorité des Houthis auxquels ils sont hostiles. Depuis le début en septembre 2014 de leur opération pour prendre totalement Sanaa, les Houthis qui contrôlent des régions du Nord, ont étendu leur contrôle sur des zones côtières et des régions au sud de la capitale. Dans certains secteurs, ils ont été confrontés à une résistance farouche des tribus sunnites et des combattants d'Al Qaîda dans la péninsule arabique (Aqpa). Face au chaos, le Conseil de sécurité de l'ONU avait exigé que les Houthis se retirent des instances gouvernementales et libèrent le président et le Premier ministre. On ignore si le départ de M.Mansour vers Aden est lié à cette demande. Jeudi, l'émissaire spécial de l'ONU pour le Yémen Jamal Benomar avait affirmé que les forces politiques étaient proches d'un accord après avoir convenu de premiers compromis sur une période transitoire de gouvernance. Il a salué cette entente préliminaire comme une «étape importante vers la réalisation d'un accord politique global qui mettrait fin à la crise actuelle». Mais le départ de M. Hadi pour Aden fait planer des doutes sur une éventuelle sortie de crise, renforcés par les déclarations hier de la ministre de l'Information du gouvernement démissionnaire. eLa situation politique et le rapport de forces a changé avec l'arrivée de Hadi à Aden», a tweeté Nadia Sakkaf. Selon elle, les Comité populaires, une milice du sud opposée à la prise de pouvoir des Houthis, étaient en charge de la sécurité du président démissionnaire.