Les échauffourées, telle une traînée de poudre, ont tôt fait de toucher d'autres quartiers. Comme rapporté dans notre édition d'hier, le calme revenu à Sidi Amar après de violentes émeutes de jeunes, déclenchées samedi dernier, des échauffourées ont éclaté de nouveau, hier. Cela est intervenu au moment où les syndicalistes d'Ispat ont suspendu leur décision. Ils justifient ce changement de cap, selon un communiqué, par la pression faite sur la personne de leur secrétaire général par Sidi-Saïd et les travailleurs d'Ispat. En effet, hier, aux alentours de 9h 30, de violentes émeutes, guidées par des jeunes au chômage ont eu comme cadre la totalité des quartiers de Sidi Amar. Dire ainsi que la colère menée samedi dernier par des jeunes du quartier des UV24, s'est propagée dans la matinée d'hier pour atteindre les UV01, 02, 03, 04, 05... soit la totalité des quartiers de la commune de Sidi Amar. Les «révoltés» contre la hogra et le chômage ont barricadé, à l'aide de troncs d'arbres, barres de fer et autres objets tous les accès routiers sur une longueur de 4 km. Les jeunes avaient, hier matin, deux mots d'ordre: «Le recrutement » et «Le départ du secrétaire général du syndicat d'Ispat». 10h 15, l'ire des jeunes, des centaines cette fois-ci, prend de l'ampleur. «Surexcités», ils ont arrosé le siège de l'APC, de jets de pierres, mais aucun incident grave n'a été déploré, notamment après l'arrivée des renforts des éléments anti-émeutes de la Gendarmerie nationale. Les jeunes en mouvement «pacifique», ne voulaient que rencontrer les responsables des pouvoirs publics. A la mi-journée, une réunion les a rassemblés au siège de l'APC avec le président de l'APC, le chef de daïra et d'autres élus. Les protestataires ont exigé d'être recrutés à Ispat, d'autant plus, ont-ils expliqué, que «nous sommes exposés aux nuisances de l'usine», un argument qui tient bon, si l'on se réfère aux instructions du chef du gouvernement, loi n°06/04 du 14 mars 2004, préconisant la priorité au recrutement local. A l'intérieur de l'usine, alors qu'un large mouvement de protestation contre l'ensemble des membres de l'exécutif syndical se prépare par les jeunes cadres d'Ispat, les travailleurs pro-Mennadi, le syndicaliste indésirable, ont mené un mouvement de grève à partir de 21h, dans la nuit d'avant-hier, pour amener les membres de la section syndicale à surseoir à leur décision de démissionner. C'est ce qui a été fait d'ailleurs dans la matinée d'hier. L'équipe syndicale, qui a signé un communiqué destiné à la presse, est revenue sur sa décision. «Le débrayage spontané, suivi d'un arrêt quasi général de travail... à Iman (port), Ispat, ainsi que dans toute la zone industrielle de Sidi Amar, est un témoignage du soutien indéfectible au SG, Aïssa Mennadi», lit-on dans le communiqué. Avant de conclure: «Nous ne pouvons, en aucun cas, persister sur notre démission...», ce qui constitue de la poudre aux yeux, d'autant plus que le même exécutif syndical a, au cours de l'année écoulée, présenté sa démission pour y revenir dessus quelques heures plus tard. Par ailleurs, contacté par nos soins, un membre de la direction d'Ispat nous a informés que le débrayage, décidé par les travailleurs pro-Mennadi, n'aurait été suivi que par 3% de notre effectif, traduisant ainsi la faible popularité du bureau syndical. Au moment où nous mettons sous presse, le calme est revenu à Sidi Amar, mais, selon des rumeurs qui circulent dans plusieurs contrées de la wilaya, des centaines de chômeurs de la wilaya d'Annaba s'organisent pour mener un mouvement pacifique pour leur recrutement au niveau de l'usine.