Le président Hollande reçoit l'émissaire de l'ONU et le représentant de l'opposition syrienne L'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura et le chef de la Coalition nationale syrienne, Khaled Hoja, devaient arriver hier mercredi à Paris, où ils rencontreront séparément les autorités françaises. La France, qui a vu sa stratégie syrienne contestée, a accueilli l'envoyé spécial de l'ONU et le chef de l'opposition syrienne en exil, à qui elle a répèté ses positions de fermeté de principe dans un dossier où toute tentative de solution a échoué depuis quatre ans. L'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura, et le chef de la Coalition nationale syrienne, Khaled Hoja, devaient arriver hier à Paris, où ils rencontreront séparément les autorités françaises. Le chef de la diplomatie Laurent Fabius devait ainsi recevoir M.De Mistura hier après-midi et le président François Hollande, M.Hoja aujourd'hui même. Une rencontre entre MM.De Mistura et Hoja était envisagée dans ce cadre, selon une source diplomatique. Ce regain d'activité française autour de la question syrienne intervient une semaine après une visite controversée d'élus français à Damas, qui a alimenté un débat houleux en Europe et aux Etats-Unis sur l'opportunité de parler au président Bachar al-Assad. Car quatre ans après le début de la tragédie syrienne (plus de 210.000 morts depuis mars 2011), toutes les tentatives de résolution diplomatique de la crise ont échoué et l'irruption des djihadistes du groupe Etat islamique (Daesh) a considérablement rebattu les cartes. M.De Mistura lui-même a été le premier officiel à déclarer publiquement le mois dernier que le président syrien «faisait partie de la solution», s'attirant les foudres de l'opposition. Pour autant, Paris et Londres ont aussitôt réagi en maintenant leur position hostile et leur politique fondée sur une stratégie qui exclut Bachar al Assad au motif qu'il ne peut représenter l'avenir de la Syrie et que la seule solution reste une transition politique fondée sur la base du communiqué de Genève en 2012, prévoyant la formation d'un gouvernement transitoire incluant représentants du régime et de l'opposition. eLes circonstances en Syrie sont de plus en plus dramatiques, mais la matrice de la crise reste la même. Et les conditions de la solution restent les mêmes qu'il y a quatre ans, mais dans des circonstances encore plus difficilese, a ainsi affirmé une source diplomatique française, répétant la ligne selon laquelle le choix n'est pas entre Assad et les djihadistes. Mais la France qui s'est voulu dans une position morale sur la question, au point que le Premier ministre Manuel Valls a qualifié Al Assad de «boucher», commence peu à peu à évoluer vers une attitude plus pragmatique. «Il ne s'agit pas d'une question morale, en diplomatie on fréquente des tas de gens infréquentables. Mais Assad n'est pas opérationnel contre les djihadistes de Daesh et ne le sera jamais, il ne contrôle plus rien», a déclaré une source diplomatique avertie. Paris, qui ne cache pas son «scepticisme» sur la solution de «gel» localisé comme préconisée par l'envoyé spécial de l'Onu, notamment à Alep, la deuxième ville syrienne, insiste, et c'est un fait nouveau, sur la nécessaire reprise de négociations, tout en restant flou sur le rôle que pourrait y tenir ou pas le président syrien. En réaffirmant son antienne de «soutien à l'opposition modérée», dont de nombreuses sources diplomatiques et du renseignement s'accordent à dire qu'elle est en voie de disparition sur le terrain, la France se heurte à la réalité cruelle du terrain où il y a eu «une très grande fragmentation de l'opposition», laminée par des années de divisions et d'affaiblissement provoqué entre autres par les rivalités de ses différents parrains régionaux, Qatar, Arabie Saoudite, Turquie... L'aide à l'opposition reste cependant une véritable problématique pour la France comme pour les Etats-Unis, qui doivent lancer un programme pour former 15.000 combattants sur trois ans, mais qui voient des groupes qu'ils soutiennent sur le terrain se dissoudre ou se rallier aux jihadistes. Paris se retrouve ainsi dans un «climat de désespérance générale», selon la formule d'un diplomate, et ne voit plus qu'une issue, celle qui verrait la menace du phénomène jihadiste de Daesh, contraindre les partisans du régime syrien, au premier rang desquels Moscou et Téhéran, alliés de Bachar, à faire pression pour une solution politique.