Ksentini appelle cependant à légaliser ces associations pour qu'elles puissent travailler dans la transparence. oeil pour oeil, dent pour dent. Le conflit frontal qui oppose, ces derniers temps, les associations des familles de disparus au représentant du président de la République aux droits de l'Homme, ne cesse de s'amplifier donnant, ainsi, une amère impression sur le sort réservé à cette tragédie. Les sorties successives chargées d'hostilité, de SOS disparus, du Cfda et de l'Anfd, appelaient, de ce fait, Farouk Ksentini, président de la commission ad hoc sur les disparus, à sortir, encore une fois, de son mutisme. L'homme , connu toutefois pour sa sobriété, n'a pas caché, à cette occasion, son exaspération de voir ces entités «entraver» la mission que le chef de l'Etat lui a confiée afin d'aider à faire la lumière sur les milliers de cas de disparitions qui demeurent, à ce jour, non élucidées. «Elles[les associations] exhortent les familles à ne pas collaborer avec notre commission» a-t-il regretté. Alors que le bon sens aurait voulu, selon lui, que s'établisse, entre les différents partenaires, un climat de coopération, mutuelle et d'entraide pour «aller plus vite dans le règlement des dossiers». Encore, dépourvues de statut juridique, censé les accréditer vis-à-vis de la loi, les trois principales associations précitées, se sont, de l'avis de ce dernier, autoproclamées porte-parole des familles de disparus sans aucune assise légale. «Leur représentativité n'est pas établie» a-t-il lancé. Ce qui, n'arrange en rien, au bout du compte, le règlement définitif de la crise, pourtant souhaité par toutes les parties en conflit. De fil en aiguille, apparaît, en filigrane, la manipulation voire l'instrumentalisation de ces associations. Une thèse sur laquelle notre invité s'est toutefois gardé de se prononcer, mais n'a pas manqué d'y faire allusion: «Elles agissent comme de véritables sectes». Et c'est dans cette optique, justement, que Me Ksentini affirme militer pour la régularisation de la situation des associations et se dit, par là même, disponible pour que l'agrément leur soit , enfin, délivré par les pouvoirs publics. Une démarche qui s'inscrit, selon lui, dans l'optique de la transparence mais qu'il subordonne néanmoins à la volonté des familles protestataires dont l'apport est, dans ce cadre, «largement» souhaité. Et d'expliquer: «Il leur faut un statut pour qu'on sache qui les monnaye, qui les dirige...pour qu'on sache également qui sont leurs véritables représentants.» Pour l'heure, le président du Cncppdh, traite directement avec les familles des disparus, sans l'intermédiaire des associations. Chaque jour, des centaines de mères, soeurs, et autres proches se déplacent, d'après lui, au Palais du peuple pour s'enquérir de l'opération de la mise à jour du fichier national des disparus sur la base duquel, seront orientées les démarches à suivre pour le traitement de cette question.