Le Cfda et SOS Disparus n'ont pas ménagé la commission ad hoc dont le fonctionnement serait opaque et inefficace. De peur de voir «disparaître» à jamais le dossier des disparus, deux entités associatives sont montées au créneau pour répliquer, à leur tour, à la sortie médiatique de la Commission nationale de promotion et de protection des droits de l'homme, mercredi dernier à Alger. Le Collectif des familles des disparus (Cfda) et SOS Disparus ont, en effet, dans un communiqué signé conjointement, et adressé, hier, à notre rédaction, pris à partie la commission ad hoc que préside également Farouk Ksentini en raison de ses prérogatives «limitées» conférées à cette instance chargée, en théorie, de faire «toute» la lumière sur la question. Justement, au centre de vives critiques, la commission ad hoc est, à cet effet, accusée d'être piégée par ces propres statuts étant donné que le décret présidentiel du 14 septembre 2003 l'instituant, lui «dénie» le titre de commission d'enquête, la réduisant, de ce fait, à une existence juridique pour le moins floue et dont la mission, lit-on dans la missive, se résume, sans autre précision, à «faire la lumière sur la question des disparus et dire la vérité aux parents des victimes». Partant de ce constat, les rédacteurs du communiqué suggèrent, pour ce faire, de «doter» la commission des pouvoirs adéquats. Sur ce point, M.Ksentini, qui représentait la commission qu'il a la tâche de présider pour dix-huit mois, au cours de la conférence de presse qu'il a tenue mercredi dernier au centre de presse d'El Moudjahid, a notamment insisté sur le fait que son rôle n'est pas d'enquêter sur les disparus mais plutôt de contribuer à élucider les nombreux points qui restent à régler. Toujours est-il que les deux associations, n'en ayant visiblement cure, persistent à dénoncer son fonctionnement «opaque» et mettent à nu l'«incapacité» de cette institution à apporter de nouveaux éléments pour la résolution «définitive?» de la crise. «Faux»! a rétorqué le président de la Cnppdh dans sa dernière intervention publique: en plus des 5200 dossiers traités, il a été aussi question de convoquer les familles concernées pour apporter leurs doléances voire même, d'autres familles, de déposer, de signaler, si cela est le cas, d'autres disparus inconnus à ce jour de la commission ad hoc. Plus loin, encore, dans leur diatribe, le Cfda et SOS Disparus, pour convaincre du «bien-fondé» de leur combat, rappellent à l'opinion publique, les propositions qu'elles ont faites à Me Ksentini, lors d'une rencontre avec celui-ci, le 31 mais dernier, à propos notamment de vingt dossiers «significatifs» dans lesquels des familles de disparus auraient formellement identifié et «nominativement» désigné des agents de services «officiels» de l'Etat. Ce n'est pas tout, puisque les deux associations avaient préconisé à la commission Ksentini de confronter les familles des disparus aux auteurs présumés d'actes d'enlèvement. En résumé, ce qu'elles dénoncent le plus est la fin de non-recevoir que ce dernier continue à leur adresser. «Toutes les propositions sont, comme d'habitude, restées lettre morte» se sont-elles plaintes. Sur ce sujet, le chargé, par le président de la République, du dossier des disparus, avait réitéré, à maintes fois, sa disponibilité à traiter de nouveaux cas, autrement dit, d'éventuels disparus n'ayant pas été, pour une raison ou une autre, alertés. Mais Ksentini, n'a eu de cesse aussi, de dénier la légalité des associations puisqu'elles sont dépourvues de statut juridique. Sur un autre «champ de bataille» les représentants des familles de disparus, dont l'exacerbation du ton démontre le fossé séparant les approches des deux parties, poussent le bouchon un peu plus loin en appelant, au nom des familles concernées, à la libération de toutes les personnes détenues au secret dans les centre de détention à la Tazmamart -la tristement célèbre prison marocaine. Si, enfin, la mise au point du Cfda et de SOS Disparus, renseigne, on ne peut plus clair, sur la divergence diamétrale qui continue à les opposer à la commission ad hoc chargée de la question des disparus que le président Bouteflika avait installée l'année précédente, elle met cependant l'évidence sur les efforts que les familles de disparus consentent régulièrement dans le but de faire la lumière sur d'autres cas de disparitions. Cela va sans dire également la mise à contribution du laboratoire de recherche ADN dont Farouk Ksentini sollicitera incessamment les services.