Dans une interview à la chaîne américaine CBS, diffusée dimanche soir, le chef de la diplomatie US a admis qu'il fallait «parler» avec Assad afin de mettre un terme au drame syrien. Si le premier concerné, le président syrien, Bachar al-Assad, prend acte de ces propos, il n'en a pas moins fait souligner, hier, que les Etats-Unis devaient joindre les «actes» à la parole, après les déclarations du secrétaire d'Etat John Kerry sur la nécessité de négociations avec le pouvoir syrien. «Nous écoutons toujours les déclarations, nous devons attendre les actes et à ce moment-là on décidera», a affirmé M.al Assad dans une déclaration à la télévision d'Etat iranienne. John Kerry avait affirmé dimanche qu' «au final, il faudra négocier» avec le président al Assad pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 215 000 morts en quatre ans. Si la Syrie a pris acte de cette évolution de la partie américaine, la presse syrienne estimant même, hier, que le chef de la diplomatie américaine, a reconnu la «légitimité» du président Bachar al-Assad, le son de cloche est totalement différend de la part de la France et de la Turquie. Dans un communiqué publié hier, le ministère français des Affaires étrangères a en effet, réitéré la position de Paris, selon laquelle, Bachar al-Assad, doit «partir». Sans le communiqué du Quai d'Orsay, il est indiqué que la France souhaite un «règlement politique négocié entre les différentes parties syriennes» mais Bachar al-Assad «ne peut s'inscrire dans un tel cadre», alors que le débat sur la nécessité de négocier avec le président syrien a été relancé par Washington. «Notre position est connue et s'inscrit dans le cadre du communiqué de Genève de 2012: notre objectif est un règlement politique négocié entre les différentes parties syriennes et conduisant à un gouvernement d'unité», a déclaré le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal. Ce gouvernement devrait réunir «certaines structures du régime existant, la Coalition nationale et d'autres composantes qui ont de la Syrie une vision modérée, inclusive, respectant les différentes communautés du pays», a ajouté le porte-parole. «Il est clair pour nous que Bachar Al-Assad ne peut s'inscrire dans un tel cadre», a-t-il ajouté, reprenant une tribune publiée fin février par les chefs de la diplomatie française et britannique, Laurent Fabius et Philip Hammond, dans laquelle ils répétaient que «Bachar al-Assad ne peut pas être l'avenir de la Syrie». la Turquie de Recep Tayyep Erdogan, va encore plus loin qui estime qu'il est «inutile» de négocier avec al-Assad. C'est ainsi qu'Ankara s'est vivement démarquée hier des propos du secrétaire d'Etat américain John Kerry faisant du président Bachar al-Assad un interlocuteur obligé sur la voie d'une paix en Syrie, jugeant «inutile» de négocier avec un régime qui a «tué 200.000 personnes». «Qu'est-ce que vous voulez négocier avec un tel régime? Bachar al-Assad a tué 200.000 personnes et utilisé l'arme chimique contre sa propre population», a déclaré lors d'une visite au Cambodge le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, cité hier par l'agence de presse gouvernementale Anatolie. Longtemps allié de Damas, le régime islamo-conservateur turc a coupé tous les ponts avec le régime de M.Assad, dont il a fait du départ une condition sine qua non de la résolution du conflit qui ravage son voisin depuis 2011. M.Cavusoglu a souligné que les tentatives de discussion conduites jusqu'à présent avec le président syrien avaient toutes échoué. «Il y a deux problèmes à résoudre en Syrie», a estimé le ministre, «détruire Daesh (le groupe Etat islamique) et les autres organisations terroristes et obtenir le départ du régime Assad pour ouvrir la voie à une transition politique en Syrie».