Il a fallu plus de 215 000 morts pour que les Etats-Unis d'Amérique (USA) acceptent enfin de voir la réalité en face et respecter la volonté du peuple syrien de choisir lui-même son président et d'avoir le droit de se défendre contre le terrorisme. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a admis dimanche que Washington devrait finalement s'entendre avec le président Bachar Al Assad pour mettre fin au conflit en Syrie qui entre dans sa cinquième année. «Au final, il faudra négocier. Nous avons toujours été pour les négociations dans le cadre du processus (de paix) de Genève I», a déclaré John Kerry dans une interview diffusée sur la chaîne de télévision CBS. Un changement dans le discours des Américains au sujet du président syrien puisque jusqu'à un passé très récent, les Etats-Unis refusaient toute idée de dialoguer avec Al Assad, élu démocratiquement par le peuple de son pays. Il est vrai que les propos de Kerry interviennent alors que l'organisation terroriste Daech commet des crimes et des massacres inqualifiables. La responsabilité des pays occidentaux et de certains Etats de la région dans les actes terroristes perpétrés par ce groupe est de plus en plus dénoncée par l'opinion internationale. La déclaration de John Kerry a suscité donc l'espoir chez toutes les personnes et les pays souhaitant la réinstauration de la paix en Syrie et la fin de la barbarie de Daech. Mais certains alliés des Etats-Unis, dont la France, n'ont pas eu la même perception de ce conflit. En effet, la France a tenu à se démarquer hier des Etats-Unis sur le dossier syrien. Paris souhaite un «règlement politique négocié entre les différentes parties syriennes», mais Bachar Al-Assad «ne peut s'inscrire dans un tel cadre», a précisé la diplomatie française en réaction aux propos tenus par le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
«Notre position est connue et s'inscrit dans le cadre du communiqué de Genève de 2012 : notre objectif est un règlement politique négocié entre les différentes parties syriennes et conduisant à un gouvernement d'unité», a indiqué le porte-parole du Quai d'Orsay. Ce gouvernement devrait réunir «certaines structures du régime existant, la Coalition nationale et d'autres composantes qui ont de la Syrie une vision modérée, inclusive, respectant les différentes communautés du pays». Ce n'est pas la première fois que la France se démarque des Etats-Unis d'Amérique. Il y a quelques mois, la France s'est opposée à l'initiative américaine de mettre Djabhat Al Nosra sur la liste des organisations terroristes. Pourtant, cette organisation se revendique publiquement et clairement d'Al Qaida et a commis de nombreux crimes contre l'humanité en Syrie en exécutant sommairement des centaines ou des milliers de personnes. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré, en janvier 2015, que «Al Nosra fait du bon travail» en Syrie. Face à cette «polémique», les Etats-Unis ont préféré souffler le chaud et le froid, puisqu'un porte-parole du Département d'Etat s'est empressé de préciser qu'il n'y a eu aucune modification de la position américaine car, pour les Etats-Unis, si des négociations devaient avoir lieu, ce serait avec des représentants du régime syrien plutôt qu'avec le président Assad lui-même. Attachés à leur politique «suiviste», l'Angleterre et la France semblent vouloir être «plus royalistes que le roi». «Assad n'a pas sa place dans l'avenir de la Syrie», a asséné une porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères. Des paroles qui rejoignent celles de François Hollande, début mars, pour qui il n'est «pas un interlocuteur crédible». L'actuel président français balaie donc d'un revers de la main, le droit du peuple syrien d'élire lui-même son président, et semble vouloir dicter aux Syriens leur choix politique, oubliant visiblement que le peuple français subit le terrorisme de Daech.
«Les Etats-Unis devraient joindre les actes à la parole» Réagissant hier aux propos du secrétaire d'Etat américain John Kerry, le président de la Syrie, Bachar Al Assad, a déclaré que les Etats-Unis devraient joindre les actes à la parole, après les déclarations du secrétaire d'Etat John Kerry sur la nécessité de négociations avec le pouvoir syrien. «Nous écoutons toujours les déclarations, nous devons attendre les actes, et à ce moment-là, on décider», a affirmé le président syrien dans une déclaration à la télévision d'Etat iranienne. Bachar Al Assad a indiqué que tout véritable changement de la communauté internationale envers le régime de Damas «devrait commencer par l'arrêt du soutien politique et militaire aux terroristes». «Nous n'avons pas le choix, nous devons défendre notre patrie», a-t-il ajouté. «Tout changement international qui intervient à ce niveau serait une chose positive s'il est sincère et effectif», a-t-il poursuivi. «La décision concernant mon départ revient au peuple syrien, et ce qui se dit à l'extérieur ne nous concerne ni de près ni de loin», a-t-il souligné. La presse syrienne s'est félicitée des déclarations de John Kerry, jugeant qu'elles étaient une «reconnaissance de la légitimité» de Bachar al-Assad. Les quotidiens syriens voient dans les déclarations de John Kerry un revirement de la position de Washington, qui appelait au départ du chef de l'Etat syrien depuis le début du conflit en mars 2011. Les propos tenus par John Kerry peuvent être considérés comme étant une reconnaissance de la résistance du peuple et de l'Etat syriens face au terrorisme soutenu et financé par d'autres pays comme la Jordanie, le Qatar, la Turquie et principalement l'Arabie saoudite.