Directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) en France, membre du comité consultatif du désarmement auprès du Secrétaire général de l'Onu, il a écrit et dirigé une trentaine d'ouvrages. L'Expression: Vous avez insisté, au cours de votre exposé, sur la différence d'approche entre les Etats-Unis et l'Union européenne à propos de lutte antiterroriste...Voulez-vous être plus explicite? Pascal Boniface: Sans rentrer dans les détails, je pense, globalement, que la politique américaine de lutte contre le terrorisme est éminemment et purement militaire. En Europe, par contre, bien que l'utilisation de la force constitue un moyen efficace, voire, dans certains cas, indispensable, elle ne saurait, en aucune façon, être le seul recours pour venir à bout de cet ennemi dont la capacité de nuisance s'affirme de jour en jour. Les pays européens en manifestant leur volonté de subordonner la lutte par la force aux moyens politiques, accréditent, plus qu'avant, l'idée que l'approche entre les deux pôles reste, tout de même, différente. Comment appréciez-vous la concurrence que se livrent Américains et Français sur l'Algérie? C'est une concurrence tout à fait ordinaire mais qui a arrangé, dans une large mesure, l'Algérie. Je pense que personne ne doit avoir le monopole sur le marché algérien. Les opportunités offertes, dans ce cadre, sont avantageuses pour le pays. Par contre, si les Français aspirent à maintenir, sinon à accroître leur influence, il leur faudrait, dans ce cas, faire plus d'efforts politiques qu'auparavant, car la présence américaine dans la région demeure, elle aussi, importante. Après une décennie d'isolement, l'Algérie aspire à affirmer sa présence sur la scène internationale en adhérant, à titre d'exemple, à l'OMC, plus tard, à l'Otan...quel est votre avis là-dessus? D'emblée, l'intégration de l'Algérie à l'Alliance atlantique ne se pose pas, du moins à court terme. Le statut de l'Otan l'en a empêché. Tandis que l'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce constitue, quant à elle, une ouverture sur le monde qui permettra à l'Algérie de développer ses relations extérieures tant sur le plan économique que géostratégique. En ce qui me concerne, je milite pour que cela se fasse dans l'optique d'alliances avec les pays européens pour notamment parvenir à un meilleur équilibre des forces mondiales.