La découverte de nouveaux éléments sur d'importantes quantités de bacilles du charbon (anthrax), et de gaz neurotoxiques VX sur lesquelles l'ONU demandait des éclaircissements, ainsi que la poursuite de l'opération de destruction des missiles Somoud II, sont les signes de la réelle coopération de Bagdad. La position des partisans d'un règlement pacifique de la crise irakienne est confortée depuis quelques jours par l'attitude du régime de Saddam Hussein qui facilite le travail des experts onusiens. Après l'entame, samedi dernier, de l'opération de destruction des missiles jugés non conformes aux normes établies par l'ONU, les autorités irakiennes ont fait un autre geste positif en annonçant la découverte de bombes remplies d'anthrax et des traces de la destruction de 1,5 tonne de gaz neurotoxiques VX, dans deux sites différents. Ces faits compliquent davantage la mission de l'administration Bush, consistant à convaincre la communauté internationale de la nécessité de l'utilisation de la force pour désarmer l'Irak. Cette dernière éventualité, n'étant envisagée par la résolution 1441 qu'en cas d'impasse dans le désarmement de Bagdad, ce qui est loin d'être le cas actuellement, vu la coopération dont font preuve les Irakiens, il faut dire que les Américains ont du pain sur la planche Ils auront toutes les peines du monde à réunir les neuf voix nécessaires à l'adoption de la résolution qu'ils ont soumise aux membres du Conseil de sécurité, indépendamment de la possibilité de l'utilisation du droit de veto, dont disposent la France, la Russie et la Chine, tous les trois opposés au recours à la force pour désarmer l'Irak. Les Chinois ont même l'intention de proposer une assistance en personnel et en équipement aux inspecteurs des Nations unies chargés de rechercher les armes de destruction massive en Irak. Selon une source officielle à Pékin, “la Chine est de l'avis de la plupart des membres du Conseil de sécurité des Nations unies qui estiment que les inspections ont donné des résultats et qu'elles doivent se poursuivre pour donner aux inspecteurs le temps nécessaire à la mise en application de la résolution 1441”. Le président français Jacques Chirac n'a pas manqué de rappeler depuis Alger, où il effectue une visite d'Etat, qu'“il existe une alternative à la guerre en Irak”. Outre cet obstacle, les Etats-Unis voient leurs plans perturbés par les parlementaires turcs qui, par leur décision de rejet du déploiement des soldats américains à la frontière avec l'Irak, retardent inévitablement le déclenchement d'une guerre contre l'Irak, même s'il n'est pas exclu qu'une seconde motion soient présentée par le gouvernement de Abdallah Gull et adoptée dans les tous prochains jours. Le Pentagone est dans l'obligation de remodeler ses plans, ou plutôt opter pour le plan B de remplacement déjà prévu par les stratèges de Donald Rumsfeld. Par ailleurs, les dirigeants arabes, qui pour une fois ont adopté une position commune, n'entendent pas s'arrêter là, même si les Emirats arabes unis maintiennent leur proposition son appel au départ de Saddam Hussein du pouvoir. Le secrétaire général de la Ligue arabe a appelé, hier, à la tenue d'un nouveau sommet arabe “très prochainement”. “Il est nécessaire de tenir, très prochainement, un deuxième sommet arabe qui poursuivrait le travail important réalisé au cours du sommet du Charm el-cheikh, et suivrait l'application des mécanismes d'action décidés lors du sommet, notamment la mission du comité chargé d'entamer des contacts urgents sur la crise irakienne”, a déclaré Amr Moussa au quotidien El-Ahram. L'entêtement du locataire du bureau ovale à renverser Saddam Hussein affaiblit la position américaine, parce que beaucoup de pays y voient une immixtion dans les affaires intérieures d'un autre Etat. L'Institut royal britannique des affaires internationales estime, pour sa part, qu'une telle action bien qu'elle accroîtrait l'influence américaine dans la région ne garantit cependant pas la stabilité de l'Irak à long terme. K. A. SELON THE SUN “La guerre contre l'Irak dans dix jours” La guerre contre l'Irak débutera dans dix jours, le jeudi 13 mars, a affirmé hier le journal populaire The Sun, ouvertement en faveur d'une action militaire contre le régime de Saddam Hussein. Un vote sur la deuxième résolution déposée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Espagne et soutenue par la Bulgarie au Conseil de sécurité de l'ONU, devrait intervenir “vraisemblablement” le mercredi 12 mars, ajoute la chef du service politique du Sun, Trevor Kavanagh. Il suivra le rapport crucial des inspecteurs de l'ONU vendredi prochain. Reprenant des sources des services secrets américains, le Sun affirme que “ce sera bientôt, ce sera rapide et court”.