Le Premier ministre La récente épreuve que fut l'attaque du Bardo aura permis une prise de conscience pleine et entière de tout le peuple tunisien. La marche contre le terrorisme qui a lieu aujourd'hui même à Tunis, probablement depuis Bab Saâdoun jusqu'au musée du Bardo qui a été la cible de l'attentat terroriste faisant 22 victimes dont 20 touristes étrangers, vise à rééditer l'élan et l'esprit caractéristiques de la marche parisienne, en janvier dernier. C'est pour cela que les présidents français, palestinien, gabonais, polonais, le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le président du Conseil italien, la Haute représentante européenne aux Affaires étrangères, le ministre espagnol des Affaires étrangères et plusieurs délégations parlementaires sont présents à Tunis, pour participer à la manifestation, avec cette intention d'aller au-delà de la simple solidarité et d'offrir aux yeux du monde le symbole d'une volonté commune de lutte contre un phénomène qui, désormais, n'épargne personne. Le Premier ministre a été chargé par le chef de l'Etat de le représenter à ce rassemblement. La mission est d'importance, quand on connaît la dimension historique des liens qui unissent les deux peuples depuis toujours. Les hôtes étrangers marcheront jusqu'au musée du Bardo où une stèle en hommage aux victimes, va être inaugurée. La grande foule marchera, quant à elle, sur un parcours beaucoup plus étendu et la manifestation sera suivie par l'ensemble du peuple tunisien et les pays voisins de la Tunisie.. La récente épreuve que fut l'attaque du Bardo aura permis une prise de conscience pleine et entière de tout le peuple tunisien, appelé par le président Beji Caïd Essebsi à marcher massivement pour montrer sa détermination à faire front contre la menace terroriste. Fort du soutien de l'Algérie autant que des autres pays concernés comme l'Italie, la Tunisie sait qu'il y a un temps pour marcher et un temps pour agir. C'est déjà le cas avec la traque organisée conjointement par les services de sécurité algériens et tunisiens qui redoutent des attaques suicides, sur leurs territoires respectifs, de pas moins de 55 terroristes identifiés, tous revenus des zones de combat libyennes où ils ont activé dans les groupes inféodés à Al Qaîda et Daesh. Outre les échanges d'information et de données sur les éléments terroristes, il y a cette volonté de travailler ensemble pour davantage d'efficacité, dans la riposte ou dans la prévention. Les services de sécurité des deux pays savent que ces groupes n'ont ni frontière ni identité assumée et qu'ils regroupent des Algériens, des Tunisiens, des Egyptiens, des Maliens, des Belges, des Libyens, des Yéménites et des Marocains qui activent au sein d'Aqmi et de la phalange tunisienne Oqba Ibn Nafaâ qui avait fait allégeance à l'Etat islamique (EI). Comme on sait aussi que, parmi ces candidats aux opérations kamikazes à la voiture piégée ou aux ceintures explosives, figurent des jeunes recrutés dans les milieux les plus divers, pas nécessairement défavorisés. La coopération sécuritaire qui existe entre les deux pays va certainement s'intensifier à cause de l'attentat du Bardo et, plus encore, de la menace grandissante que les terroristes venus de Libye font peser et sur la Tunisie et sur l'Algérie, ainsi que sur certains pays du Sahel. Ce n'est pas sans raison qu'Alger persiste dans sa démarche qui vise à isoler le mal réel des enjeux géopolitiques qui agitent des pays comme la Libye et le Mali où la résolution des problèmes ne saurait être autrement que politique et la démarche pour y parvenir un dialogue inclusif entre toutes les factions à l'exclusion des groupes terroristes reconnus comme tels. La Tunisie qui subit de plein fouet les évènements en Libye est parfaitement consciente de cette double nécessité, réconcilier les factions libyennes en prônant un gouvernement d'union nationale et combattre sans merci le terrorisme qui profite de la situation actuelle. Tels sont le sens et l'objet de la marche de Tunis.