La nouvelle Tunisie l'a échappé belle. C'est du moins le sentiment de soulagement exprimé par le ministre de l'Intérieur, Najem Gharsalli, évoquant le scénario d'une « véritable catastrophe » évitée de justesse par les forces de sécurité. La menace terroriste est tangible. Si l'attaque de Bardo à révélé le passage à l'acte de Daech, les « bombes à retardement » des combattants tunisiens (près de 500) de retour d'Irak, de Syrie et de Libye, font craindre le pire. Tout légitimement Tunis, s'inquiète des « failles du système sécuritaire » reconnues par le Premier ministre Habib Essid, et davantage explicitées par le vice-président de l'Assemblée, Abdelfattah Mourou, détaillant l'absence de la police autour des deux sites stratégiques (parlement et musée) et la négligence des éléments en charge de la surveillance. Des interpellations ont été annoncées par les autorités pour resserrer les mailles du système sécuritaire qui ne saurait se prévaloir de manquements et des insuffisances préjudiciables au combat contre le terrorisme. Au Bardo, accueillant les 300 touristes de divers horizons, l'attaque sanglante de Daesh qui a coûté la vie à 20 étrangers et un Tunisien a sonné l'éveil de la conscience nationale. Conçue pour porter un coup sévère au processus démocratique, visé dans son cœur battant, « la forfaiture » a scellé le destin de la nouvelle Tunisie clamant à l'unisson, sur les réseaux sociaux, « Je suis tunisien ». La prise de conscience est perceptible dans la classe politique appelant à l'union sacrée imposée par « le premier défi » sécuritaire. Dans un discours, diffusé vendredi soir, à l'occasion du 59e anniversaire de l'indépendance, le président Béji Caïd Essebsi a souligné que « nous ne pouvons gagner cette guerre si nous ne sommes pas tous ensemble ». Le front interne se renforce d'un mouvement de solidarité des « peuples du monde contre le terrorisme », célébrant sous ce mot d'ordre évocateur l'édition tunisienne du FSM (Forum social mondial) prévue du 24 au 28 mars. Une marche en direction de Bardo est programmée par le comité d'organisation. Dans son combat contre le terrorisme, la Tunisie ne sera pas seule. Autant, que l'est Bardo qui ne souffrira pas seul de son drame singulièrement atténué par les promesses de passer les vacances d'été en Tunisie prises par tous les « Je suis Bardo ».