Avant d'être officielle et constituée, la décision de la direction centrale de l'ex-parti unique de diviser Bouira en trois circonscriptions distinctes, «les mouhafadhas» divise les avis entre approbateurs et opposés. La direction centrale a en effet et après la venue de son chef de l'organique Mazouzi à Bouira décidé de regrouper chaque 15 communes en une mouhafadha. C'est ainsi qu'on parle d'une mouhafadha à Bouira, une à Lakhdaria et une troisième à Sour El Ghozlane. Chacune de ces structures aura sous sa coupe 15 communes. Pour les plus favorables, ce découpage permettra de mettre fin à l'hégémonie et la domination d'une région particulière de la wilaya qui s'est accaparée les rênes du parti pour faire de lui ce qu'on veut. L'allusion est toute faite à Aïn Bessem qui l'espace de 15 années était toujours représentée par une majorité absolue. «On est allé jusqu'à donner la kasma de Bouira à des militants initialement résidents à Aïn Bessem», nous confie un cadre du parti FLN. Cette concentration des pouvoirs sur la région a fait que les députés, sénateurs, élus APW, sont majoritairement issus de cette région et des régions de Sour El Ghozlane. «L'unique perdant reste la région est, qui a de tout temps, si on excepte la première élection qui a consacré feu Aliane Hamimi comme premier député de Bouira, était écartée de la course aux représentations nationales, voire locales. Actuellement, il faut rappeler que pour la députation la totalité des parlementaires sont de Aïn Bessem, Bordj Okhriss, Mesdour, El Hachimia et les alentours. En mettant en place ce découpage, le vieux parti s'engage dans une stratégie de redéploiement et d'une meilleure représentativité. Même si ces fervents, à travers les medias, ont toujours soutenu et crié à la puissance du FLN en arguant d'une base, les divers suffrages ont montré que ni le FLN, ni le RND, encore moins ces micro-partis de conjoncture, n'intéressent les jeunes. «Les vrais militants ont déserté les rangs depuis que des opportunistes sont venus se greffer et utiliser le parti comme tremplin promotionnel vers des situations sociales intéressantes» dira notre interlocuteur. Pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de la direction du FLN nous avons posé la question au député de Bouira, M. Cherif Ould Hocine. D'après ce cadre du FLN, la décision de scinder la direction locale en trois obéit à une volonté de l'actuel secrétaire national de mettre fin à l'hégémonie des personnes et cette politique qui a sacralisé les personnes. «Le découpage est fondé sur des études, sociologiques, économiques lesquelles études se fixent comme objectif un redéploiement vers les militants de la base. Chaque région de Bouira a sa spécificité. Bouira qui demeurera le pôle central grâce à ce découpage permettra aux jeunes étudiants et étudiantes de participer à la prise des décisions. Il est navrant de constater que cette frange de la société et malgré l'existence d'un pôle universitaire est absente des listes des militants du parti.» La riposte vient du clan de l'ex-secrétaire général du parti destitué. Ces derniers contestent la légalité de la décision au motif que pareille «manoeuvre» n'est pas du domaine du secrétaire mais du conseil. Ces partisans du statu quo accentuent leur position en utilisant un argumentaire fondé sur le régionalisme, l' «aârouchia» et quelquefois le vieux refrain arabe-kabyle. La réalité du terrain demeure une réponse à ces dires. Le clanisme, le racisme, le régionalisme sont les trois éléments qui ont fait reculer le FLN dans les diverses consultations électives par le passé» nous dira un élu à l'APW de Bouira en marge de la session ordinaire. «Par le passé, Bouira avec plus de 80.000 habitants était représentée par une kasma au même titre qu'une commune habitée par moins de 2000 habitants. «Le nouveau découpage permettra une meilleure représentativité» pense le député Ould Hocine. Devant ces deux tendances, et quel que soit le devenir de ce découpage, la mission du FLN est facilitée par l'état d'hibernation qui reste le point fort des autres formations politiques à Bouira.