C'est la guerre entre les deux hommes Le secrétaire général du FLN donne l'impression d'un homme agacé par l'annonce de la réception de Belkhadem à la présidence de la République. Affolé et contrarié par la mobilisation de ses contestataires, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, sort de sa réserve. Il s'en prend avec virulence à sa bête noire, son prédécesseur, Abdelaziz Belkhadem, accusé de tous les maux du FLN. Saâdani a profité d'une rencontre avec les mouhafedhs, ce jeudi à Ben Aknoun (Alger), pour régler ses comptes avec Belkhadem et ses «parrains». Et il le nomme. «Belkhadem se réunit avec ses partisans et parle de la direction nationale du parti. Je lui réponds à lui et à ses partisans et je dis que Belkhadem ne bouge que suite aux ordres et instructions», a-t-il lancé, en dénonçant les «parrains» de Belkhadem mais sans les désigner. Dans sa charge contre l'ancien chef de gouvernement, l'orateur a comparé sa bête noire à une chauve-souris. «Belkhadem est arrivé à la tête du parti dans un véhicule. Il n'a été élu par personne. Il a volé le parti au nom de la Présidence. Il est arrivé à la chefferie du gouvernement, il n'a rien fait. Il a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères sans rien faire. De tous les postes qu'il a occupés, il en est sorti bredouille», a-t-il encore accusé. Mais parmi les présents, il y a ceux qui se sont souvenus que Belkhadem a été effectivement élu à la majorité des congressistes lors du IXe congrès de 2010. Amar Saâdani donne l'impression d'un homme agacé par l'annonce de la réception de Belkhadem à la présidence de la République et ses démarches pour revenir au parti. Il conçoit cela comme une menace sérieuse à son règne absolu. Il ajoute à son réquisitoire un rappel: tous ceux qui ont quitté la direction du FLN ne sont jamais revenus. Il cite les anciens secrétaires généraux à l'instar de Abdelhamid Mehri, Benhamouda et Ali Benflis. «Après avoir quitté le secrétariat général, ils sont tous rentrés à la maison et lui (Belkhadem), il veut faire rentrer le parti à sa maison», a-t-il souligné. «S'il veut se porter candidat à la présidence de la République qu'il le fasse mais pas avec le parti», a-t-il encore lancé. Le reste de son discours, M.Saâdani l'a consacré au Xe congrès dont il a instruit les mouhafedhs à commencer les préparatifs à partir de la semaine prochaine. Au passage, il a consacré l'exclusion du comité central, seule instance souveraine entre deux congrès. «Le Xe congrès sera organisé par la base et pour la base», a-t-il souligné, précisant, toutefois, que les membres du comité central sont membres de la commission nationale de préparation du congrès. Mais ce que veulent les contestataires c'est la réunion du comité central, dont la deuxième session de 2014 a été tout simplement annulée. Toutes les tentatives des opposants de tenir cette session n'ont pas abouti.En mobilisant les mouhafedhs et les nouveaux secrétaires des nouvelles mouhafadhas, M.Saâdani veut certainement se préparer à toute éventualité, surtout que des informations insistantes évoquent son lâchage par ses parrains. «Le parti est aujourd'hui entre vos mains. S'il sort vainqueur c'est vous les vainqueurs et s'il est cassé, c'est aussi vous», a-t-il averti, en s'adressant à l'assistance, comme s'il tentait de la monter contre toute velléité de sa destitution. L'orateur a instruit les mouhafedhs d'entamer les préparatifs du congrès à partir de la semaine prochaine sans fixer aucune échéance pour sa tenue. Il avait déjà annoncé son report jusqu'après la révision de la Constitution. Mais au rythme où vont les choses, il s'est contenté de souhaiter, ce jeudi, que la révision de la Constitution ait lieu avant le congrès du parti. «La préparation sera faite à partir de la base et non du sommet. Le congrès doit être celui du rajeunissement et du renouveau», a-t-il plaidé. Et comme prévu, dans le communiqué final de la réunion, signé par les mouhafedhs, ces derniers ont réitéré leur soutien à la direction nationale du parti, à sa tête son secrétaire général, clamant la fin de l'ère où les décisions concernant le parti viennent d'en haut. Il est fort à parier que la préparation de ce congrès sera houleuse. Saâdani à propos du livre Alger-Paris «Il finira dans la poubelle de l'Histoire» Le secrétaire général du FLN ne s'inquiète pas outre mesure des écrits qui le donnent propriétaire de biens immobiliers à Paris. Interrogé ce jeudi à propos du livre Alger-Paris, une histoire passionnelle, où lui-même et des ministres sont cités, ayant acquis des bien en France, M.Saâdani a fait remarquer que le livre «écrit ici», a-t-il dit, ne s'intéressait qu'au clan présidentiel. «J'ai lu le livre six mois avant sa publication», a-t-il avoué, ajoutant qu'il «finira dans la poubelle de l'Histoire». M.Saâdani a défendu les responsables mis en cause dans le livre, citant l'ancien ministre de l'Industrie, Cherif Rahmani et l'actuel, Abdessalem Bouchouareb.