Il y avait du monde au tribunal de Blida Tous ceux qui n'ont jamais vu El Khalifa, ont été subjugués par sa classe à la barre! Avant de débuter les débats d'hier, il est utile et nécessaire de revenir au grand «match» Antar-Rahal autour des questions «sombres» pour le magistrat et très claires pour ce notaire doté d'une mémoire à toutes épreuves et pour son avocat, Maître Benraïs salvatrices. Maître Benraïs a été d'une grande utilité dans cette importante partie du procès car l'acte du notaire faisant défaut, l'avocat a suppléé. Il y a aussi cette bonne nouvelle pour les rédacteurs lassés par le ronronnement des débats. Maître Lezzar informe Antar qu'il ne s'agit plus de 66 questions: «Avec l'intelligence de mon client El Khalifa, il y a beaucoup de questions qui ont été 'dissoutes au passage». Antar était content? Allez le savoir, lui qui a dû tabler sur plus de trois semaines de débats. Trois semaines! Des pâtes, oui et des lentilles! Car, y a Allah, ce qui aurait dû être le procès du seul Rafik Abdelmoumen El Khalifa a été au-delà! Et lorsque des procès s'étirent en longueur, la banalité prend le dessus. Surtout que l'absence totale de scoops a mûri les amateurs de sensationnel vers une dépression «refroidie» lors des pauses-déjeuners dans une ville où le mot cuisine est un... gros mot. Ce qui explique ceux des avertis qui prennent le risque d'aller s'empiffrer à El Harrach! et le tout en moins de...deux heures car la circulation en ce xxxxx de la journée est...fraîche et fluide. Durant la pause, la discussion a tourné autour de l'admirable prestation de El Khalifa qui s'est comporté comme un véritable homme d'affaires qui maîtrise son sujet. «Il a été extra» lance Maître Nora Chelli. Pourquoi Khalifa TV? A la reprise, Menaouar Antar, le juge probablement remis d'aplomb prie le procureur général de cesser de «tirer a vue» en direction de l'accusé qui a entendu des vertes et des pas mûres mais à la limite de la correction. Et même si le parquetier ne fait que son boulot d' «enfonceur» et ce, depuis le lancement des débats, il y a qu'on le veuille ou non, une véritable star de par sa vista, sa classe malgré les jours non comptés de détention préventive, le climat de la région. Oui! Depuis que Antar l'avait appelé à la barre, Rafik Abdelmoumen El Khalida a été bon sur toutes les «balles». Il a été vif, vigilant, serein, très serein et il a vite compris que ce Antar qui veut le cuisiner n'opérera jamais à l'aise dans sa surface de réparation et il a même deux aires de réparation: les 5,50 m où a évolué le pharmacien de formation et les 16 m ceux du patron de la banque. A toutes les questions posées, il était là. Il avait toutes les réponses et quitte à nous répéter, il illustrait ses réponses d'exemples vivants, frais, assurant sa sincérité. Il a même dit à plusieurs reprises: ma banque, mes biens, mes employés, mes copains, mes amis, mon pays au moment où il avait expliqué pourquoi avoir créé El Khalifa TV: «C'était pour redorer le blason terni de mon pays où le sang, la mort, les crimes de masse voyaient mon pays. J'ai voulu montrer l'Algérie que nous aimons tous!». A un moment donné, Menaouar Antar le juge jetait des regards furtifs à Laïd Boukhobza et Zahia Messeguem les deux conseillers comme, pour leur signifier que cet accusé est dur à cuire. A aucun moment de son audition de deux journées et quelques heures, il donna l'impression de balbutier ou de chercher les mots. Franchement, il a été super, fantastique à la limite, méritant d'être applaudi. 9h03: Le tribunal criminel revient ce lundi. La salle est aux trois quarts vide. Les avocats curieux, une vingtaine, ne sont pas encore arrivés. Certains journalistes sont certainement pris dans l'infernale circulation du centre-ville de Blida de plus en plus laissée à l'absence d'hygiène et de non-réfection d'une chaussée dégradée par endroits et à 100% du côté de la zone industrielle dont les occupants attendent un geste de l'Etat qui souffre de l'immobilisme des...chefs d'entreprises implantées sur cette immense aire... Maître Miloud Brahimi commence à faire les cent pas de la salle des «pas perdus» à la salle d'audience, où seule la voix haute et permissive de Menaouar Antar, le juge, résonne en vue d'expliquer une énième fois que tout ce qui ne se trouve pas dans l'arrêt de renvoi et autres documents supplémentaires à remettre, voire à débattre, n'a pas lieu d'être. Il est 9h15 et Laïd Boukhobza, le second conseiller prend déjà une gorgée d'eau. Peut-être qu'il a une «fournée» de questions à souffler au président qui n'a d'yeux que pour les accusés du jour: Djamel Guelini, 50 ans résidant à Chéraga (Alger), condamné en 2007, court après la relaxe en 2015. Il cause dans la langue de Molière avec le «R»typiquement parisien. Antar laisse faire mais Guelini continue son récit qui commence sa carrière avec Amor Rahal, Maître Rahal qui a passé son audition du dimanche avec «brio». L'enfant de Chéraga continue son récit pour expliquer comment il a connu Rafik qui avait une officine aussi, tout comme sa frangine. Et puis hop! il saute sur l'inculpation grave: faux dans des documents authentiques. «Je n'ai eu aucune faveur ni rien rédigé, ni obtenu un quelconque contrat de Moumen, le voisin», récite-t-il du haut de ses cent quatre-vingt centimètres. Mohammed Zerguerras, le procureur général devait être encore à se poser des questions autour du fameux «El Khalifa», le «El» qu'il a présenté comme une escroquerie. Un voeu pieu. Antar cherchant autre chose de plus solide. Les gendarmes sont en plein «ratissage» dans la salle d'audience et leur vigilance se rejoint à celle des agents de la Dgsn. Au fur et à mesure que l'interrogatoire avance, nous sentons, malgré le trop-plein d'insistance de Antar, que l'intérêt des débats a baissé et trop bien baissé. Il a même trop baissé après l'interrogatoire de Rafik Abdelmoumen El Khalifa l'accusé principal qui n'a rient dit d'extraordinaire. Antar rappelle à Guilini le jour où il avait été interpellé à l'aéroport international Houari Boumedienne de Dar El Beïda avec 700.000 euros. L'accusé tourne la tête et revient sur les menaces des services de sécurité et même des aveux signés sous la contrainte. Le juge fait comme si l'accusé ne venait pas de faire d'éclatantes déclarations dangereuses. Nous étions près du procès «Autoroute Est Ouest». Ah! la cour d'Alger et son exemplaire procès si bien organisé que l'on avait suivi d'une manière aussi exemplaire les débats, des débats que nous retrouverons avec plaisir dans moins d'un mois au Ruisseau pour un autre «grand-procès»: Sonatrach I. Pour le moment restons à Blida où l'organisation s'améliore de jour en jour même si de petites escarmouches ont lieu de temps à autre entre les agents de sécurité de la cour et certains journalistes sans badge! Maître Abderahmane Bouhanna qui a un dossier en correctionnelle «lourde» - commercialisation de stups - à côté, chez l'admirable Malika Djabali, la présidente va saluer Maître Yahia Chemli le défenseur de Ali Aoun de Saïdal dans l'affaire El Khalifa. Et Maître Ouali Laceb qui vient d'arriver arborant une belle chemise à carreaux. Il donne deux bises à Maître Amar Boutarek qui rejoint Maître Boudjemaâ Abdenour Omar de Boufarik qui cherchait des yeux son... rabat! Il est 10heures et la salle est quasi vide. Tout comme Rafik, Djamel Guilini a tout nié. Ce qui pousse tout ceux qui attendent depuis l'ouverture de ce procès tant attendu, des «noms» des «stars» et jusqu'à présent, nous n'avons droit qu'à des «Non, je ne sais rien». Et là, franchement, nous nous étonnons de l'attitude pas celle de Zerguerras, le représentant du ministère public dont la vocation est de ne pas faire de cadeaux, mais de Ménaouar Antar, un de nos meilleurs magistrats, de tomber dans la facilité de se répéter et pire! laisser les accusés et les avocats rire sous cape au moment où Abdelhafidh Chachoua avait débuté son interrogatoire par un coup de «brosse» lancé par l'accusé qui n'a pas fait sourire Antar qui a entendu cette louange aller vers cette longue phrase: «Je vous salue car vous être connu en prison et on ne dit que du bien de vous. Je suis sûr que vous êtes très bon, monsieur le président.» Abdelhafidh Chachoua? ou Chachou? font l'objet d'un sympathique échange entre l'accusé et Antar qui est pour Chaâchoue au lieu de Chachoua! Les rires étant dissous dans les airs de la salle d'audience, on passe aux six accusations collées au Blidéen d'origine dont la réputation n'est si brillante... Les deux avocats inséparables du bâtonnat de Blida Maître Toufik Chachoua et Maître Mohamed Aïed arrivent et tendent une oreille intéressée en direction de Abdelhafidh Chachoua qui répond aussi vite que l'empressement du juge à poser le plus grand nombre de questions posées...Toufik, le cousin, refuse de commenter. Une chose est sûre Chachoua n'est pas venu jouer mais se défendre bec et ongles face à ce magistrat assis chassant les «peaux» de gus entrés dans la Dgsn à Tipasa en 1990, 1991 et 1992 avec le grade d'inspecteur: «Je faisais la navette entre Tipasa et Blida jusqu'au jour où j'ai loué un bungalow sous une autre identité» raconte-t-il en balançant des anecdotes de la décennie rouge. Où voulait aller Abdelhafidh? L'intérêt revient dans la salle et Antar se jette de suite dans le dossier. «Quand aviez-vous démissionné de la police?» En Octobre 2000» répond l'accusé. Et comment aviez-vous rejoint la Bank El Khalifa? -Au lendemain de ma démission, en 2011.» Le débat chauffe et Chachoua répond simplement à la énième question de Antar relative au coup de fil d'El Khalifa (assis ce lundi dans le coin du box, derrière son ami sincère Méziane Ighil) qui «m'a demandé d'aller s'inquiéter du sort de la banque». Et le président de rectifier: «De vous inquiéter du sort de la banque et de la caisse principale!». L'accusé ne dit ni oui ni non. Il veut entrer dans une longue explication, mais Antar l'en empêche. Il veut un «non» ou un «oui» à la question du tribunal criminel qui a la profonde conviction qu'avec la fuite de Rafik à l'étranger, c'est que les «carottes sont cuites» dans ce dossier. Maître El Hadja Nacéra Tinedeghar-Ouali vient d'arriver dans la salle d'audience et entre dans le suivi du procès, alors que Antar demande à Chachoua la date de l'acquisition de la villa: «Mai 2000.» «Un inspecteur de police qui a plus de un milliard de centimes. C'est drôle!» «Non, El Hamdoulillah! Mon père avait des terres et puis je revendais des voitures. A 19 ans, j'avais une R19. Je suis d'une famille aisée et il n'y a aucune loi qui interdit à un richard d'acheter une villa. Et puis, notre famille est connue dans la Mitidja.» Antar s'accroche: «El Khalifa vous a offert une voiture?» La réponse est non avec cette phrase: «La secrétaire de Rafik ment!» Le gros poisson Il est 12h12. Il y a de l'électricité dans la salle d'audience. Chachoua entre dans une histoire qui date d'une vingtaine d'années. Plus personne ne suit et Antar a dépassé la mi-journée sans lever l'audience. En ce qui nous concerne, nos lecteurs ne veulent plus du bavardage... Repos! Mais au moment où nous allions plier bagage et à 12h18, Antar plante une banderille qui fait mouche: «Chachoua, répétez pour le tribunal criminel votre poste chez El Khalifa, merci!» Et l'accusé de murmurer: «Je transportais les fonds!» «Merci», lâche de son sourire carnassier mais sympathique le juge, visiblement très rassuré d'avoir appâté le gros poisson d'eau douce. Les deux autres Chachoua ont souffert à la barre. Menaouar Antar, le juge, ne leur a jamais laissé un centimètre carré où évoluer. Il a même été dur au moment où il avait rappelé la découverte de nombreux documents de Rafik chez le cadet des Chachoua. «Je m'explique. Le juge d'instruction a ordonné une fouille en votre domicile. Des papiers ont été trouvés. Qui les a mis chez vous?», tonne le magistrat. «Je n'avais aucun lien avec El Khalifa à l'époque. Au moment des faits, je n'avais pas donné d'importance à ces papiers que j'avais trouvés dans le bureau où j'ai bossé avec le liquidateur, et je...» «Ah non!» le juge s'énerve. «Qu'est-ce qui vous a pris de vous emparer de papiers qui ne vous concernent pas? Qu'est-ce donc que ces comportements? Il y a anguille sous roche. Quel est votre but en ayant ramassé des documents qui ne vous regardent point? Il y a même des doutes, beaucoup de doutes.» L'accusé se tait, le temps que le président du tribunal criminel lance une autre question puisée dans le dossier. L'accusé prie le juge de lancer une enquête complémentaire à propos de l'achat de cette voiture... «Ce n'est pas le bien d'El Khalifa?» «Non, jamais», répond Chachoua Jr qui précise que l'opération a eu lieu (l'achat groupé) à cause de la remise en vigueur. C'était seulement pour cette raison... Les deux frères Chachoua laissent la barre pour leur papa, accusé aussi... Antar lève l'audience dont la reprise est pour ce mardi matin 9h pile. Vous n'avez pas le droit de... Dans l'affaire Ahmed Bellil, ancien juge de la Cour suprême, la justice a tranché en première instance. Donc, reste l'appel qui demeure l'unique moyen de «critiquer» une décision de justice. Eh bien, non! Le condamné - un ex-président du Conseil d'Etat et le premier dans la jeune histoire de la justice - a trouvé - via son conseil - une anomalie et répondu avant l'appel à Blida. Un magistrat en exercice qui est de la nouvelle génération et n'a jamais connu Bellil nous prie de rappeler au condamné qu'il a encore commis un délit en se permettant de critiquer un verdict. Et Tayeb Louh, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, l'a répété à Tindouf via la vidéoconférence. C'est scandaleux qu'un ancien magistrat présente Naïma Lamraoui, la juge qui l'a entendu et condamné, a jeté en pâture la jeune magistrate qui a l'âge d'un de ses enfants, en la balançant du côté de l'honorable homme de droit et homme politique, Me Ali Benflis qui est, c'est sûr, respectueux de la loi et de toutes les lois, et a dû apprécier la gaffe. Dommage, Si Ahmed, car à votre âge, vous ne pouvez plus vous en prendre à votre ancienne noble profession: la magistrature.