Cinq magistrats turcs à l'origine des enquêtes anticorruption qui ont fait vaciller fin 2013 le régime islamo-conservateur de l'actuel président Recep Tayyip Erdogan ont été définitivement radiés mardi par leur instance disciplinaire, ont rapporté les médias. Lors d'un vote à la majorité, le Haut-conseil des juges et des procureurs (HSYK) s'est prononcé pour l'exclusion de quatre procureurs et d'un juge, reconnus coupables d'avoir "porté atteinte à la dignité de la profession" et mené des "activités contraires à leur profession", a indiqué l'agence de presse progouvernementale Anatolie. En décembre 2013, ces magistrats avaient ordonné l'arrestation de dizaines de proches du régime, hommes d'affaires, hauts fonctionnaires et fils de ministres, dont celui de M. Erdogan alors chef du gouvernement, tous soupçonnés de corruption. M. Erdogan a alors dénoncé un "coup d'Etat" du mouvement de l'imam Fethullah Gülen, très influent dans la police et la justice, et riposté en multipliant les purges. Les cinq magistrats sanctionnés mardi avaient dans un premier temps fait l'objet de mutations disciplinaires. Depuis cette affaire, qui a provoqué la chute de quatre ministres, le régime de M. Erdogan a fait de M. Gülen, qui gère depuis les Etats-Unis un vaste réseaux d'écoles, d'entreprises et d'ONG, son ennemi numéro 1. Le prédicateur nie catégoriquement avoir voulu renverser le gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002. A trois semaines des élections législatives du 7 juin, M. Erdogan a déclaré lundi aux journalistes qui l'accompagnaient en visite en Allemagne et en Belgique que "les arrestations vont sûrement se poursuivre" au sein de la justice contre la "structure parallèle", le terme employé par le régime turc pour définir le mouvement Gülen.