La mouture, qui atterrira bientôt à l'APN, risque de relancer la polémique. Le ministre de l'Energie et des Mines, en marge de la cérémonie de signature de huit contrats d'exploration d'hydrocarbures qui s'est déroulée à la résidence Djenane El Mithaq, a eu une réponse ne souffrant aucune équivoque à notre question sur l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures et s'il comptait maintenir le texte tel que proposé antérieurement. Il semblait déterminé à ne pas reculer et le défendre bec et ongles dans sa version initiale. «C'est le projet du gouvernement et c'est au gouvernement de le retirer s'il le désire. Nous ne voulons rien faire passer mais nous ne sommes pas disposés à retirer le texte», a-t-il martelé. Cette déclaration vient en réponse à ses pourfendeurs de l' Ugta qui ont réitéré leur rejet du texte. «Si c'est le même projet, avait déclaré Sidi Saïd, notre position est connue de tous et nous ne céderons pas». C'est en marge du forum d'El Moudjahid, le 20 septembre que le ministre avait eu cette phrase pour le moins déroutante: «Nous n'avons introduit aucun amendement au texte. Il appartient à l'APN si elle le juge nécessaire d'y introduire des amendements.» Ce qui a fait réagir violemment le patron de l'organisation syndicale. «Je suis le secrétaire de l'Ugta. Je ne réponds pas à un ministre.» Cet échange d'«amabilités» intervient juste à la veille de la bipartite. Cela risque d'attiser les divergences autour de ce texte perçu par le partenaire social comme un instrument visant à privatiser l'entreprise du pétrole. Selon les propos de Mohamed Lakhdar Badreddine, le leader de la fédération des pétroliers, la mouture tente de mettre fin à Sonatrach et ce à travers «la privatisation de la richesse naturelle nationale». De toute évidence, le conflit entre les deux parties a de fortes chances de se corser et de devenir un véritable ferment de discorde. Le patron de la Centrale syndicale pourrait avoir la tentation de court-circuiter Chakib Khelil, comme il l'a fait avec l'ancien ministre de la Participation, Abdelhamid Temmar, avec lequel aucun terrain d'entente n'a été possible. Cette thèse pourrait s'avérer plausible d'autant plus qu'il a fait comprendre, dans l'une de ses sorties qu'il ne reconnaissait comme vis-à-vis, «que le chef du gouvernement». «Ouyahia, a-t-il ajouté, a réaffirmé sa disponibilité à coopérer avec l'Ugta et tant qu'il y a une volonté de dialoguer nous sommes disposés au dialogue lorsqu'il s'agit de l'intérêt des travailleurs et de la nation, notre syndicat ne peut s'y opposer.» Il faut rappeler que le texte en question a été gelé le 24 février 2003, à l'occasion du double anniversaire de la création du géant syndical et de la nationalisation des hydrocarbures. La suite du mouvement de protestation ayant paralysé l'activité de tout le territoire national. Le partenaire social qui a mis récemment le holà à ses ardeurs syndicales n'a pas pour autant courbé l'échine, ni évacué de ses préoccupations l'un des dossiers cruciaux qui concerne le secteur névralgique des hydrocarbures, d'autant que celui-ci connaît une accélération de l'activité pétrolière avec l'arrivée de nouveaux partenaires sur le marché. Les plus redoutables après les Américains sont les Chinois représentant la compagnie «Sinopec» qui se sont distingués par un sens aigu des affaires. Ils ont réussi l'exploit de décrocher deux contrats sur les huit que se disputaient des groupes influents, à savoir la compagnie norvégienne «Statoil», l'espagnole Repsol-Gas les consortiums, l'américain BHP-Wood Side, l'australien Amerada Hess et l'irlandais Petroceltic. Ces contrats ont été décrochés en juillet dernier à la suite du 5e appel d'offres sur l'exploration qui a concerné 10 blocs soumis à une rude concurrence pour un montant de 141 millions de dollars. Ces marchés couvrent une superficie totale de 80 km². Ils ont été signés par le vice-président chargé de l'amont (exploration production), M.Babaghayou et les représentants des compagnies attributaires en présence du ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil et le P-DG de Sonatrach, M.Mohamed Meziane. Soulignant l'importance de ces contrats qui interviennent grâce à la procédure d'ouverture à la concurrence, qu'il a qualifiée de transparente, rapide et efficace, le ministre a affirmé que grâce à ces montants d'investissements nous espérons atteindre des découvertes de 1 milliard de barils de pétrole. Ce qui nous permettra de produire 2 millions de B/J de pétrole en 2010 et d'exporter 85 milliards de m3 de gaz durant la même période. Sur un ton jubilatoire, il a ajouté que son ambition est de «faire une découverte par mois».Le prochain appel d'offres qui sera lancé le 1er octobre portera sur 10 blocs d'exploration.