La Hongrie et l'Algérie ont eu une histoire commune Plus de 5000 experts hongrois travaillaient en Algérie, en tant que coopérants techniques, durant les années 1970-1980. Elle s'appelle Halga Pritz. Elle est ambassadrice de Hongrie en Algérie depuis un mois et demi. Elle a invité des représentants de la presse nationale à un petit déjeuner de presse. On a donc appris que son pays est 23 fois plus petit que l'Algérie, peuplé d'une dizaine de millions de chrétiens convaincus. Mais Mme l'ambassadrice, qui a fait un petit séjour professionnel en Algérie en 2001, n'a pas parlé que de son pays. Son ambition: remettre en marche la machine économique algéro-hongroise et la faire tourner au régime d'avant les années 1990. Il faut savoir, en effet, que la Hongrie et l'Algérie ont eu une histoire commune particulièrement intéressante. Ayant été du «même côté» du mur de Berlin, la coopération était florissante dans les années 1960-1970, dans l'agriculture, le bâtiment, l'hydraulique et la santé. Durant cette période, «plus de 5000 experts hongrois travaillaient en Algérie», révèle l'ambassadrice. Mais l'effondrement du mur et la réunification de l'Alemagne ont jeté l'Algérie, comme la Hongrie dans une ère d'incertitude. Ainsi, la première est entrée dans une spirale de violence, et la seconde a vécu les dérèglement socioéconomiques des pays de l'Europe de l'Est qui expérimentaient le capitalisme. Alger et Budapest avaient sans doute la tête ailleurs que dans la coopération mutuelle, mais malgré les évolutions politiques, il était écrit que l'essentiel devait être sauvegardé. Cela s'est matérialisé par la courageuse décision de la Hongrie de maintenir ouverte sa représentation diplomatique à Alger au plus fort de la crise politico-sécuritaire, alors que beaucoup d'autres pays ont été jusqu'à interdire à leurs compagnies aériennes d'atterrir en Algérie. L'Algérie et la Hongrie ne se sont donc pas vraiment perdues de vue, mais un constat a tout de même été fait, celui que ce pays d'Europe centrale a marqué le pas dans le partenariat. Ce n'est plus aussi dynamique qu'avant, mais sans tomber au point zéro. «Nous conservons de très bons rapports dans le secteur de l'agriculture», argumente l'ambassadrice. Pour cause, un leader hongrois est en discussion avancée avec le groupe algérien Proda dans la filière avicole, pour l'installation d'une unité de production de grands parentaux. Cet épisode très réussi de la reprise de la coopération entre les deux pays donnera sans doute du tonus à la commission mixte algéro-hongroise qui se réunira en septembre prochain à Budapest. A propos de la redynamisation de la coopération entre les deux pays, les Hongrois savent ce qu'ils veulent et évoquent un partenariat gagnant-gagnant dans l'expertise que les entreprises hongroises peuvent apporter à leurs homologues algériens. En fait, la Hongrie n'a pas la prétention de concurrencer les Chinois et les Français sur le terrain, mais à l'ambassade on est certain qu'il existe des niches qui peuvent être exploitées et fructifiées par les deux pays. Les Hongrois donnent l'impression d'avoir bien potassé le dossier «Algérie» et proposent une coopération très «intelligente». Pour illustration, la Hongrie prend en charge une centaine de bourses universitaires, avec l'option de reverser les nouveaux diplômés dans le circuit économique «algéro-hongrois». C'est tout bénéfice pour les économies des deux pays et un gage sincère de transfert de technologie et de savoir-faire.