A l'instar de la presse étrangère de ces dix derniers jours et qui traite du malheur qu'a connu l'Algérie le 10 novembre dernier, la presse nationale a - chaque titre à sa manière - rendu compte, scrupuleusement, de la catastrophe. Ce qu'il y a cependant à relever, c'est cette dissonance qui a caractérisé les titres des quotidiens en ces neuf jours qui ont succédé le drame. Si, dans le reste du monde quand une telle épreuve frappe une nation toutes les factions se rapprochent comme par enchantement, effaçant tous les différends, et se dressent, tous, pour faire face à la douleur, il est malheureux de constater, qu'en Algérie, tout est prétexte à la discorde. Au moment même où plusieurs centaines de foyers enterrent leurs morts, où plusieurs familles, sorties miraculeusement indemnes du déluge, pansent encore leurs blessures, les opportunistes sortent de leur trou. Chacun dans sa catégorie. Cela va des petits pickpockets aux grands attentistes qui protègent cyniquement leurs intérêts et qui préparent abjectement le terrain politique à des fins occultes. L'on se rappelle que lorsque les Etats-Unis ont eu à subir la terrible journée du 11 septembre et lorsque les Français ont eu à vivre la catastrophe de Toulouse, tous les médias se sont donné le mot pour soutenir l'action de leur gouvernement dans ces moments de grande détresse. Les opérations de secours ont été suivies régulièrement avec les mots qui convenaient, mais également avec le soutien qu'il fallait. L'action était donc globale. Chacun y va du sien. Aujourd'hui encore, en France, les aides promises par l'Etat français n'ont pas été toutes honorées et pourtant! Le drame de Bab El-Oued est, lui, d'autant plus délicat qu'effroyable. Personne n'aurait pu prévoir de tels dégâts. Ce que nos yeux ont vu ne pourra jamais être bien exprimé par le verbe. Seuls les rescapés et les témoins savent de quoi il ressort. En neuf jours néanmoins, avec toute la difficulté du mois sacré, une avancée spectaculaire a été enregistrée. Est-ce que la réponse de l'Etat a été à la mesure des attentes des citoyens? On ne sait guère, mais on sait, toutefois, que l'action de l'Etat a répondu efficacement, malgré le manque de moyens et le manque d'expérience dans ce genre de drame, à l'ampleur des pertes humaines et matérielles. A-t-on le droit, au 9e jour de la catastrophe, de «tirer» ainsi sur l'Etat et de l'accuser de défaillance? A-t-on le droit de parler de pagaille et de lenteur dans les secours lorsqu'on sait que ces inondations sont les plus importantes que le Bassin méditerranéen a connues en dix ans? L'on se demande également pourquoi un homme politique comme Hamrouche estime que «la réaction du pouvoir face au drame des familles enseigne qu'il n'y a plus rien à exalter et plus rien à espérer». La réaction du pouvoir était, pourtant, de dégager 1.500 logements aux sinistrés, de verser une avance sur le capital décès, de donner de l'argent pour réparer les maisons endommagées. A-t-on parlé d'assurances? N'a-t-on pas vu au lendemain de la catastrophe du 11 septembre en Amérique, les citoyens faire la queue pour s'inscrire à la caisse chômage? N'a-t-on pas vu, en France et ailleurs, les citoyens non assurés livrés carrément à leur sort? Et pourquoi, finalement, discourir sur le discours de Bouteflika, jugé par les faux prêcheurs comme étant inadéquat? Il semble pourtant, que loin de vouloir s'attirer une légère touche de populisme de circonstance, il était bien réaliste, lui qui voyait déjà les opportunistes, nombreux, profiter des logements et des aides que l'on allait prodiguer aux sinistrés. Encore et toujours des détournements? Ce sont ces charognards qui, maintenant, empêchent que les aides parviennent à ceux auxquels elles étaient destinées et que le discours de Bouteflika montrait du doigt. Quant à cette armée qui «s'installe à Bab El-Oued», elle ne répond qu'à l'exigence du moment. Un moment qui est celui de la mobilisation.