Patate chaude. «Nous avons pris la décision, cette année, de laisser toute la liberté aux walis dans l'encadrement, l'organisation et la gestion des plages, suivant les spécificités de chaque wilaya» a déclaré, lundi dernier à Boumerdès, le ministre du Tourisme, Amar Ghoul, en même temps qu'il procédait à l'ouverture officielle de la saison estivale 2015. Il voulait dire qu'il a décidé de ne rien décider. Qu'il refilait la décision aux walis. Son argument est aussi drôle que sa «décision». Il voit des «différences» entre les plages du pays. Sans autre précision. Pourtant et toujours dans la même déclaration, il n'hésite pas à rappeler que «toutes les plages algériennes demeureront ouvertes et gratuites pour tous les enfants du peuple». Ce qui élimine les «spécificités» et la «liberté de gestion» qu'il laisse aux walis. Franchement on ne sait plus s'il se rend compte de la confusion qu'il sème par ses déclarations. Il se décharge sur les walis pour gérer les plages en «toute liberté» dit-il mais tout en leur ôtant cette liberté par l'impérative «gratuité» partout et pour tous. Car tout le problème des plages est précisément là. C'est le problème des parkings sauvages des véhicules dans les villes qui a été «élargi» aux plages. A l'identique. Des jeunes s'approprient des espaces de sable et font payer les estivants qui veulent s'y installer. Le problème ne date pas d'aujourd'hui. Cela fait des années qu'il dure. Des années qui n'ont pas suffi aux autorités pour trouver la solution. Aux dernières nouvelles, ce sera pour le début de l'année prochaine. En plein hiver. C'est Ghoul qui le dit dans la même déclaration. Il a promis, à cette date, un «décret exécutif (pour) la meilleure gestion des différentes plages du pays». C'est pourquoi, et faute de textes cette année, le ministre laisse les walis se débrouiller. Vous aurez remarqué toute la gymnastique qui est nécessaire pour comprendre pourquoi Ghoul a décidé de ne pas décider. Attendez, ce n'est pas fini. Pendant que Ghoul était à Boumerdès pour l'ouverture officielle de la saison estivale 2015, une autre cérémonie pour la même raison mais cette fois avec deux ministres (Nouri et Mihoubi) s'est déroulée à la plage des «Sablettes» à Alger. En faisant un effort on découvre que c'est le lieu où se déversait le célèbre et très «parfumé» oued El Harrach. Depuis, de grands travaux ont été entrepris pour «désodoriser» le fameux oued. Le tout explique la présence de Nouri qui est ministre des Ressources en eau et de l'Environnement mais pas celle du ministre de la Culture. Inutile de chercher plus loin sauf à mélanger divertissement et culture. Dans tous les cas de figure, un gouvernement qui procède à «deux» ouvertures officielles de la saison estivale de cette année ouvre droit à deux explications. Soit 2015 est une année «spécifique», soit les membres du gouvernement se marchent sur les pieds. Ceci dit, cette «insolation» qui frappe le tourisme balnéaire n'a rien à envier à l'état dans lequel se trouvent les autres formes de notre tourisme. Sur les 200 stations thermales, seules 51 sont exploitées. Les chiffres sont du ministre du Tourisme. Là encore on est en droit de savoir pourquoi? Sachant qu'historiquement c'est le lieu de détente privilégié des Algériens. De plus, cela pourrait même contribuer à désengorger quelque peu les plages. Le tourisme de montagne est, pour sa part, toujours en «jachère». Et pour être complet, le tourisme saharien n'est pas mieux loti. Devant un tel tableau et pour ne pas chômer, nos fonctionnaires du tourisme font des efforts méritoires pour ne pas rater les Salons internationaux. Sous d'autres cieux, le tourisme remplace le pétrole. Chez nous, le pétrole «s'en va» et le tourisme ne veut pas «venir». Mais le coeur est toujours à la fête. Il y a le concours de la meilleure plage à préparer!