Cette stratégie qui aura été au coeur même de la réunion de la coalition, en quête d'une autre démarche, fera sans doute l'objet des discussions entre Alger et Paris lors de la visite que doit effectuer tout prochainement le président François Hollande. Accusée d'avoir échoué dans sa lutte contre l'EI par Haider al Abadi, la coalition dirigée par les Etats-Unis a apporté, hier à Paris, son soutien au plan militaire et politique de l'Irak pour la libération de ses territoires, une lutte qui sera de «long terme», selon la France. C'est un «bon plan, militairement et politiquement» pour la reconquête de la province d'Al-Anbar, a déclaré le secrétaire d'Etat américain adjoint Antony Blinken, à l'issue d'une réunion ministérielle internationale à Paris. La «détermination est totale «dans la lutte contre le groupe Etat islamique, «un combat de long terme», a renchéri le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. La déclaration d'al Abadi a été faite lors d'une conférence de presse tenue en prélude de la rencontre avec une vingtaine de ministres et de représentants d'organisations internationales, tous membres de la coalition contre l' Etat islamique. Depuis un an, et malgré quelque 4000 raids aériens de la coalition, les forces ultra-violentes de l'Etat islamique continuent de progresser en Irak et en Syrie, engrangeant des victoires avec la mainmise sur de larges zones couvrant les territoires des deux pays. «Concernant le soutien à l'Irak, il y a beaucoup de mots, mais peu d'actions sur le terrain», a fustigé M. al-Abadi, citant notamment les problèmes de son pays pour obtenir des armes et des munitions afin de combattre les forces de Daesh. Les pays de la coalition réunis à Paris ont été interpellés sur la stratégie menée à ce jour, qualifiée de stérile, et sur l'importante évolution en nombre et en qualité des troupes de l'EI dont les recrues viennent d'Arabie saoudite, du Golfe, d'Egypte, de Syrie, de Turquie et de pays européens». D'ailleurs, cette stratégie qui aura été au coeur même de la réunion de la coalition, en quête d'une autre démarche, fera sans doute l'objet des discussions entre Alger et Paris lors de la visite que doit effectuer tout prochainement le président François Hollande, à un moment des plus sensibles puisque nombre de signaux sont apparus ces jours derniers pour indiquer la brutale montée en puissance de l'EI aux frontières mêmes de notre pays. Si l'on en juge par les maigres progrès enregistrés par la coalition depuis la réunion de Londres, voici six mois, il y a un indéniable problème dans la manière avec laquelle les opérations militaires sont menées contre Daesh en Irak et en Syrie, les bombardements ayant tué bien plus de civils innocents que de «djihadistes». Consciente de ces lacunes, la coalition internationale demande le «prompt lancement» en Syrie d'un processus politique sous l'égide de l'ONU, un tournant dans l'attitude jusque-là intransigeante à l'égard du régime de Bachar al Assad, à moins que ne se cache une manoeuvre nouvelle contre le même Bachar. Ce processus se base sur des principes déjà édictés par la communauté internationale, à savoir la création d'un gouvernement transitoire incluant des représentants de l'opposition et du régime en place. Les raids en Irak et en Syrie n'ont donné aucun résultat, bien au contraire; ils ont engendré la débâcle de l'armée irakienne à Ramadi, faisant tomber, après Mossoul, toute la province d'al Anbar aux mains de Daesh. Or, la Syrie, ravagée par la guerre depuis plus de quatre ans, et où l'EI contrôle près de la moitié du territoire, demeure une pièce maîtresse de l'enjeu dans la région, malgré un certain affaiblissement du régime. Paris qui ne participe pas aux frappes de la coalition en Syrie insiste tout comme Londres sur une solution politique sans le président syrien Bachar al-Assad, alors que l'Iran, impliqué contre l'EI sans faire partie de la coalition, apporte un soutien indéfectible au régime d' al Assad. Avec la récente recrudescence des attaques de Daesh contre les troupes de Tobrouk aussi bien que de Tripoli, on comprend que l'inquiétude et les préoccupations sont désormais plus grandes en ce qui concerne la situation au Maghreb où la menace a pris des proportions sérieuses.