Les explications données par le ministère ne semblent pas convaincre les principaux concernés. Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, par la voix de son conseiller, M.Benhamouda, dément l'existence d'une décision portant suppression de la mixité dans les cités universitaires de l'Algérois. Une nouvelle qui, faut-il le reconnaître, s'est propagée telle une traînée de poudre parmi les étudiants et qui ne cesse de susciter, à ce jour, l'indignation de la population universitaire. Au ministère de l'Enseignement supérieur, on préfère plutôt qualifier la mesure de procédure visant la réorganisation des résidences universitaires., M.Benhamouda reconnaît l'existence d'une très grande pression, cette année, sur les résidences universitaires, laquelle est le résultat d'un déficit flagrant en capacités d'hébergement et de prise en charge à l'intérieur des résidences. «Notre objectif est de rapprocher les lieux de résidence des facultés», a-t-il expliqué en guise de précision. Cependant, les explications données par ce cadre ne semblent pas convaincre les principaux concernés qui ne manquent pas de retenir le fait que seules les résidences mixtes de Béni Messous et de Garidi I ont fait l'objet de cette «réorganisation» des cités U. Les étudiants mécontents notent également le fait que les deux cités concernées par ce mouvement, ont vu leurs occupants (filles et garçons) délogés de leur chambre, pour être remplacés par des résidents, uniquement de sexe masculin. Aussi, les éclaircissements émis par le ministère et par l'Office national des oeuvres universitaires (Onou) passent-ils très mal dans les milieux universitaires. Certains n'hésitent d'ailleurs pas à évoquer «un accord tacite entre l'Onou et l'Union générale estudiantine libre (Ugel)», une organisation proche du MSP. Cette thèse est quelque peu corroborée par le fait que la suppression de la mixité dans les cités U a été et de-meure l'une des principales causes défendues par l'Union générale estudiantine libre. L'Ugel a tenté, en effet, à maintes reprises, de convaincre les responsables de supprimer la mixité dans les cités universitaires. Jusqu'à l'année dernière, leurs tentatives ont été vouées à l'échec. Et voilà, affirme-t-on, que «l'Office national des oeuvres universitaires se plie», cette année, devant les «pressions exercées par l'Ugel». D'autres universitaires affiliés à l'Union nationale des étudiants algériens (Unea) estiment que l'Ugel a profité de la crise dans laquelle le département de M.Haraoubia s'est embourbé cette année, pour tenter d'imposer ses règles du jeu au sein du campus. A cet effet, l'on table déjà sur un bras de fer des plus coriaces entre les organisations estudiantines proches de la mouvance islamiste et celles opposées à la mesure en question. Dans le même sillage, après les incidents qui ont secoué, la fin de la semaine dernière, la cité U de Béni Messous (lire notre édition d'hier), des étudiants se sont rassemblés, hier, dans les autres résidences afin de discuter d'une «manifestation commune pour dénoncer le coup de force des islamistes». L'on parle dores et déjà, selon certaines rumeurs, d'une marche vers le Palais du gouvernement. L'essentiel est que les universitaires en colère, soutenus par certaines organisations estudiantines, ne comptent pas baisser les bras. Du moins, c'est ce qu'affirment certains meneurs, contactés hier par nos soins.