Un écrivain iconoclaste En marge du colloque sur «La littérature et le cinéma», placé sous le signe de la commémoration d'Assia Djebar, le romancier Rachid Boudjedra a été honoré vendredi dernier par le Festival du film arabe et ce, en raison de ses 50 ans d'écriture et de don à la littérature algérienne et universelle. A cet effet, le commissaire du festival, Brahim Sediqui, n'a pas tari d'éloges en sa faveur, entre assertions, confidence et humour. Taleb Rifai, écrivain arabe a dans sa déclaration fait savoir que dans «un Monde arabe traversé de crises et de violence aujourd'hui, seule la parole demeure, et l'écriture comme échappatoire, quand le politique n'a réussi qu'à nous séparer. Il ne nous reste qu'à nous rassembler autour du mot et la poésie. J'ai appris beaucoup de Rachid Boudjedra qui est un ami et fier que ce soit un Koweïtien qui lui rende hommage aussi car notre auteur a porté son pays dans ses écrits et l'a propulsé à travers le monde, notamment dans la langue française. Il ne nous reste que des gens comme lui pour espérer et porter la culture au firmament...» Pour Wassini Laredj, cet hommage à Rachid Boudjedra qui est venu un peu tard est la «plus grande preuve de soutien contre les criminels». Devant une assistance hétéroclite, Rachid Boudjedra a été honoré par plusieurs prix et un chèque. Emu, l'auteur de La Répudiation a longuement parlé de sa timidité et de son plaisir de se voir enfin récompensé dans son pays. Il dira: «Je suis timide devant ce petit garçon qui à l'école rêvait d'être écrivain. Une timidité profonde comme diront certains thérapeutes. Le cinéma, le théâtre. Je me suis souvent posé cette question: qui suis-je? Quelle est la distance entre moi et le petit enfant qui écrivait avec le «tabachir» sur les murs de la maison à Constantine. Il est où cet enfant qui vivait dans la solitude et l'isolement car en fait je n'ai pas d'amis ou très peu? D'où ma timidité. J'aï reçu beaucoup de prix à l'étranger mais un seul ici dans mon pays, c'est pourquoi je suis honoré par cet hommage car fait par des gens que je connais et dont j'apprécie la présence, qui sont des amis mais plus, ils sont ma famille... Je suis comme ça un être simple et timide qui n'apprécie pas trop les problèmes et les embrouilles. Malgré cette timidité, je suis heureux aujourd'hui parmi vous» finira-t-il par dire ému. Merci pour Brahim Sediqui. (...) merci pour les auteurs avec lesquels j'ai grandi bien que j'appréciais énormément un Waciny Laredj en étant moins fan de Dib et Mouloud Feraoun...» Revenant sur la polémique qui a émaillé il y a quelques jours et affolé la Toile, à quelques jours du mois de Ramadhan, Rachid Boudjedra est revenu sur ses déclarations sur la chaîne El Chourouk à propos de son athéisme. «J'ai été très choqué par la question de l'animatrice qui m'a demandé si j'étais athée; pourquoi une telle question? J'ai alors répondu: «Oui je suis athée et après?». C'est dans ces termes que l'écrivain Rachid Boudjedra est revenu sur sa dernière sortie médiatique sur la chaîne El Chourouk TV avant de lancer à l'assistance: «Je suis musulman, je respecte l'islam et les musulmans.» Il rajoutera à cet effet, «être respectueux envers l'islam en étant le premier écrivain arabe dans le Monde arabe à avoir introduit la civilisation arabo-musulmane dans les écrits». Wassini Laredj de son côté, s'est également illustré au courant de cet après-midi, en affirmant que ce sont les films de Ahmed Rachedi (Mustapha Benboulaïd, Krim Belkacem et Colonel Lotfi (projeté en soirée, Ndlr) qui ont fait régresser le cinéma algérien et terni sa qualité. Que pense l'auteur de L'Opium et le bâton?