Le rectorat de Sidi Bel Abbès a organisé les 4 et 5 mai courant une rencontre avec l'écrivain algérien Rachid Boudjedra.Le thème de la rencontre «Ecrire en deux langues» a attiré une audience remarquable. Le comité d'organisation de cette rencontre dirigé par M. Tou, recteur de l'université Djilali Liabès, a tenu à ce que cette rencontre scientifique avec Boudjedra se fasse dans les deux langues, arabe et française. Faire tomber le mur linguistique pour une meilleure compréhension des uns et des autres est certainement à la base de cette décision. En revanche, une discussion intéressante s'est installée sur la question de la qualité de l'approche critique du texte, la production de la critique littéraire dans les deux langues, arabe et française, suite à la conférence jugée intéressante de l'écrivain Rachid Boudjedra. La femme vue par Boudjedra La question de la femme a également été abordée par Boudjedra qui est un défenseur «acharné» des droits des femmes. En effet, si l'on regarde l'évolution de ses personnages féminins, on s'aperçoit que la femme est passée de personnage secondaire dans les premiers écrits de l'écrivain au personnage principal dans ses derniers romans. L'écrivain a parlé de l'écriture romanesque en langue arabe, ses enjeux et ses limites. Le bilinguisme, l'écriture et la crise du moi ont été le sujet principal de la conférence de Boudjedra. L'écrivain a aussi a abordé avec brio les éléments isotopiques de son imaginaire narratif. Il a été particulièrement émouvant lorsqu'il a parlé de la solidarité entre écrivains et particulièrement entre lui et Wassini Laredj lors des moments douloureux que l'Algérie a traversés, où la générosité de l'auteur a été soulignée. M. Bouterfas, docteur et spécialiste en littérature algérienne, a mis en relief le renouvellement de la question de la modernité chez Boudjedra. S'exprimant dans l'une ou l'autre langue, en arabe ou en français, avec dextérité et aisance, l'intervenant a noté que l'essentiel est dans le sens, dans le message de ce que l'on veut exprimer et non dans la langue qui ne reste finalement qu'un outil, que l'on travaille, certes, aussi. Un parfait bilingue L'apport de Rachid Boudjedra en ce domaine est à souligner, car il a créé dans les deux langues, vu qu'il est parfaitement bilingue. On sait son apport en français a déclaré Mme Mokadem, docteur en langue française, mais il est utile de rappeler qu'il a révolutionné l'écriture en arabe de par les thèmes qu'il aborde ainsi que les sujets qu'il décrit. La rencontre s'est terminée par une table ronde, où un débat s'est instauré sur l'influence de l'écriture en deux langues sur la culture algérienne. Au sujet de la qualité de la critique littéraire en arabe qui serait supérieure, par rapport à celle en français, un débat houleux s'en est suivi. Cette rencontre sur un auteur majeur et prolifique de la littérature algérienne démontre la reprise d'une vie intellectuelle universitaire dans la wilaya qui se veut de plus en plus positive.