Les maîtres du monde se mettent à table «Il va falloir que Poutine décide, s'il continue à mettre en péril l'économie de son pays et à l'isoler encore plus sur la scène internationale au nom d'un désir pervers de faire renaître la gloire de l'empire soviétique.» Conférence de presse de Barack Obama le 8.06.2015 C'est par ces mots guerriers que l'hyperpuissance américaine et ses vassaux décident de continuer à punir Poutine pour avoir voulu défendre la grandeur de la Russie. Les dirigeants du G7 réunis en Allemagne ont fait le tour du monde, distribué les bons et mauvais points, constaté le naufrage de la Grèce et, du même coup, consacré l'essentiel des discussions à Poutine avec le feuilleton ukrainien. Obama dit-on, semble décidé à hausser le ton pour contrer les ambitions russes en Ukraine. Mais les moyens utilisés par les Occidentaux sont-ils les bons? L'Exposition universelle de Milan devait donner à Vladimir Poutine le prétexte, hier, de se rendre en Italie. Barack Obama, notamment, s'est montré beaucoup plus pugnace pour fustiger l'aventurisme russe dans les pays de l'Est qu'il ne l'est avec les bombardements sauvages de Bachar el-Assad ou les roueries de l'Iran pour cacher ses ambitions nucléaires. La déclaration finale du sommet est plus que jamais condescendante: «Les membres du G7 sont prêts à prendre de nouvelles mesures restrictives si l'attitude de la Russie l'exige. La prolongation des sanctions est liée à la non-application des accords de Minsk et à la violation de la souveraineté de l'Ukraine.» (...)» (1) Pourtant, malgré toutes les avanies: «Poutine ne recule pas d'un millimètre sur l'Ukraine. (...) Alors, si les sanctions économiques n'ont aucune prise sur la Russie, que faut-il faire pour calmer les ambitions agressives de Poutine dont plus le temps passe et plus elles inquiètent non seulement l'Ukraine mais tous les anciens pays de l'empire soviétique? Certains, à Washington, plaident aussi pour un renforcement et une extension de l'Otan afin de montrer à Poutine qu'il n'intimide pas l'Occident avec ses rêves de recréer la Grande Russie. Mais, comme il est exclu de faire cette proposition à l'Ukraine et à la Géorgie, ce qui équivaudrait à un franchissement de la ligne jaune vu de Moscou, les têtes pensantes de la Maison-Blanche ont eu l'idée saugrenue de proposer ce partenariat... au Monténégro» (1). Le calvaire du peuple grec Aucune puissance n'est à l'abri. Est-ce à dire que l'ire des pays occidentaux et du Japon n'est dirigée que contre la Russie? Il semble que non. Aucun pays qui tente de s'affirmer sans faire allégeance à l'Empire ne trouve grâce à leurs yeux. Il en est ainsi de la Chine. Dans une contribution parue sur le site Mondialsiation.ca, Peter Symonds écrit à ce propos: «Les Etats-Unis et leurs alliés se déchaînent contre la Chine pour ses revendications territoriales en mer de Chine méridionale depuis le défi lancé la semaine dernière par le ministre américain à la Défense, Ashton Carter, lors du Dialogue Shangri-La à Singapour. Ces tensions croissantes risquent de provoquer un incident qui déclencherait un conflit sino-américain (...) En exigeant un arrêt immédiat des revendications territoriales en mer de Chine du Sud, Ashton Carter a déclenché à Singapour tout un choeur de condamnations de la Chine. Le Premier ministre australien, Tony Abbott, a déclaré jeudi que son gouvernement «déplore toute modification unilatérale du statu quo». (2) «Abbott a critiqué «les actions coercitives ou unilatérales», Faisant écho à Washington, il a dénoncé les revendications territoriales prétendument «agressives» de la Chine, tout en passant sous silence le fait que d'autres prétendants - dont les Philippines, le Vietnam et Taïwan - disposent déjà de telles infrastructures, y compris d'aérodromes dotés d'une capacité militaire, sur leurs îlots. Un article de L'Australian a indiqué que le gouvernement Abbott «envisage activement» ses propres actions coercitives en mer de Chine méridionale. Il projette de faire voler un avion de reconnaissance à l'intérieur de la limite territoriale de 19 kilomètres autour d'un ou plusieurs atolls contrôlés par la Chine». Lors d'une conférence de presse conjointe avec le président philippin Benigno Aquino III vendredi à Tokyo, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a envoyé un message identique. «En ce qui concerne la mer de Chine méridionale, nous avons réaffirmé que nous sommes préoccupés par les revendications territoriales à grande échelle et que nous nous opposons aux tentatives unilatérales de modifier le statu quo.» Aquino avait déjà émis une condamnation même plus belliqueuse, en comparant la Chine à l'Allemagne nazie.» (2) «L'année dernière, le gouvernement Aquino a signé un Accord de coopération sur la défense renforcée avec les Etats-Unis qui accorde à Washington un accès pratiquement illimité aux bases militaires des Philippines. Les Philippines établissent une importante base navale à Oyster Bay sur l'île de Palawan, près de la mer de Chine méridionale et de l'archipel litigieux des îles Spratley. A terme, l'installation aurait un héliport, un centre de formation, une station radar et un centre de communications pour la surveillance côtière, ainsi qu'un centre d'opérations conjointes pour les alliés en visite.» (2) Même le Vietnam s'y met de la partie: «Selon Reuters, le Vietnam négocie actuellement l'achat de drones et d'avions de combat avec des entreprises militaires européennes et américaines. Carl Thayer, un analyste australien, a dit au Guardian: «le Vietnam manque cruellement des avions de reconnaissance maritime modernes pour patrouiller son vaste domaine maritime.» Ces achats d'armes alimentent une course aux armements en Asie qu'attise la montée des tensions géopolitiques, notamment le «pivot vers l'Asie» d'Obama contre la Chine. Selon IHS Jane's, les dépenses annuelles de la défense en Asie du Sud-Est atteindront $52 milliards en 2020, contre $42 milliards cette année. Les 10 pays de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean) devraient acheter $58 milliards en nouveau matériel militaire au cours des cinq prochaines années.(...) L'impérialisme américain lance une escalade militaire qui embrasse toute la région indo-pacifique, ainsi qu'une série de provocations irresponsables. Son objectif n'est ni de protéger les petites nations, ni d'assurer la «liberté de navigation», mais de confronter la Chine, même au risque d'une guerre, pour la subordonner aux intérêts américains à travers le monde.» (2) Pourtant, l'unanimisme de façade concernant la Russie ne doit pas cacher la réalité des affaires. Les Américains ont fort bien joué: leur chiffre d'affaires avec la Russie est en hausse de presque 25% pour ce début 2015. Celui des Européens est de moins 25%. Il est clair que des firmes comme Bell et Boeing ont des contrats avec la Russie. Bell par exemple travaille avec la firme russe Rostec. Par contre, Siemens voit son contrat pour la construction de trains à haute vitesse avec leurs infrastructures passer aux oubliettes. Siemens et beaucoup de sociétés européennes perdent des contrats... Les Américains en affaiblissant l'Europe sur le plan économique la rendent toujours plus dépendante de Washington... Le G7, s'il veut vraiment la paix en Ukraine, ferait mieux d'être inflexible avec Kiev qui vient encore de violer les accords de Minsk et a fait plus de 20 morts civils à Donetz. L'un des points, rapides de l'ordre du jour du G7 est l'injonction à la Grèce de rentrer dans le rang en acceptant de rentrer entre les fourches caudines du FMI et de la Troïka. La façon condescendante dont elle est traitée fait honte. D'ailleurs, Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a mis en garde lundi à Berlin contre «un échec» historique des dirigeants européens, y compris d'Alexis Tsipras, si aucun accord n'intervient entre la Grèce, menacée d'asphyxie financière, et ses créanciers. Comme l'écrit Romaric Godin: «Les propositions soumises par les Institutions sont clairement irréalistes.» Vendredi 5 juin à la tribune de la Vouli, le Parlement grec, Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, a clairement repoussé la proposition d'accord de cinq pages soumis par les créanciers de la Grèce à son gouvernement. «Il faut d'abord rappeler poursuit-il la situation de l'économie grecque. La consommation des ménages a été en 2014 inférieure à celle de 2005. Elle a reculé en prix constants de 17,5% depuis 2008 et de 0,4% par rapport à 2013. Dans ce contexte, les créanciers proposent certes, d'abaisser le taux intermédiaire de 13% à 11%, mais ils cherchent à relever le poids de la TVA. En tout, l'alourdissement s'élèvera à 1,8 milliard d'euros dès le 1er janvier. L'effet de cette mesure peut être sensible dans la mesure où l'énergie est une dépense incompressible des ménages et que son renchérissement se fera directement ressentir sur d'autres dépenses. On a vu a contrario que la baisse du prix de l'énergie dans de nombreuses économies européennes, comme l'Espagne ou l'Italie, a permis un rapide redressement de la consommation.» (3) «Avec la crise, la Grèce est devenue plus dépendante du tourisme qui représente 18% de son PIB contre 16% en 2009. Or, les créanciers et les autorités grecques proposent de supprimer les exemptions dont bénéficiaient les services touristiques dans les îles égéennes. Les créanciers veulent également faire passer de 11% à 23% la TVA sur la restauration. C'est mettre en danger les avantages compétitifs de la Grèce sur le marché du tourisme méditerranéen. (...) Mais le maximalisme des créanciers, leur volonté d'imposer les erreurs du passé, prouvent qu'ils ne visent pas un objectif financier ou économique. En réalité, ce plan des créanciers n'est qu'un piège.» (3) En fait les Grecs sont des victimes. Il y a bien longtemps que les riches ont procédé à l'hémorragie du pays. L'Europe, et surtout l'Allemagne qui ne veut pas entendre parler du remboursement de plus de 200 milliards d'euros de réparations pour l'occupation nazie - ce qu'elle a fait sans rechigner quand il s'est agi de la pompe à finance de la Shoah- entend maintenir une stratégie qui a échoué pour pouvoir mettre à genoux politiquement le gouvernement grec effacer le vote grec, contre l'austérité du 25 janvier. Malgré tout cela, les Grecs veulent rester dans la zone euro. Ils seraient 75% à vouloir y rester à tout prix. L'Opep propriété de l'Arabie saoudite Sans surprise aucune, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé hier, lors de sa 167e réunion dans la capitale autrichienne, Vienne, de maintenir inchangé son plafond de production, fixé officiellement à 30 millions de barils par jour (mbj). Pis encore, d'autres analystes tablent déjà sur un recul des prix à des niveaux de 40 à 50 dollars dès le quatrième trimestre de 2015. Souvenons-nous: en décidant, déjà le jeudi 27 novembre, de ne pas réduire leur production de pétrole, les douze pays membres de l'Opep ont accepté que la chute des cours de l'or noir entamée depuis le début de l'été s'accélère. La chute des cours accroît les risques d'instabilité dans des pays exportateurs de pétrole, incapables de financer leur politique sociale. Pour rappel, le prix du WTI actuel était le même au 8.06.2007. Signalons qu'il était de 15 dollars au 15 mars 1999, il faut compter un différentiel de 4 dollars avec le Brent. (4) «L'Iran ne remet pas sa part du marché de pétrole aux autres», a affirmé Bijan Zangeneh le ministre iranien du Pétrole. «Pour augmenter et produire du pétrole et revenir sur le marché du pétrole, la RII n'a pas à demander l'autorisation des autres», a précisé le ministre à son retour de la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, (Opep), tenue, à Vienne. La 167ème réunion de cette organisation qui a eu lieu, à Vienne. Elle s'est terminée sur un veto saoudien pour toute diminution du quota de l'Opep. En revenant sur le marché, l'Iran ajoutera 1 million de barils /jour si on ajoute du nouveau pays de l'Opep Daesh qui brade à moins de 30 dollars le pétrole aux voisins; ceci va déséquilibrer encore plus les prix du brut et précipiter à la baisse les prix à la grande satisfaction des pays industrialisés. Baisse du pétrole: les perdants et les gagnants Nous venons de parler des perdants comme l'Arabie saoudite qui aurait perdu 110 milliards de dollars mais qui s'entête toujours à vouloir ruiner les petits pays pour le compte de l'Empire et de ses vassaux. Justement, nous nous souvenons que la chute des prix du pétrole a permis aux pays européens, et notamment à la France, d'améliorer leur situation économique et financière sur le dos des pays producteurs de pétrole. La France a été sauvée concernant son déficit avec Bruxelles Ainsi, en 2015, la France pourrait diminuer le coût de ses importations de pétrole et de gaz de presque 30% par rapport à 2014. Avec la baisse des cours du pétrole dont les prix ont été divisés par deux sur les six derniers mois pour atteindre moins de 50 dollars par baril, pour les pays importateurs, c'est une véritable bouffée d'oxygène. La facture énergétique de la France pourrait diminuer de 15 milliards d'euros en 2015, en considérant que le baril restera en moyenne à 60 dollars sur l'année. Soit environ 40 milliards d'euros en 2015, contre 55 milliards d'euros en 2014. En 2013, la même facture atteignait 65 milliards d'euros. Avec ces économies, l'Hexagone peut compter sur une croissance du PIB de 0,7%». (5) Dernier point. Le G7 s'est engagé sur l'objectif de limiter à 2°C la hausse de la température moyenne dans le monde, vient de déclarer la chancelière allemande, Angela Merkel, en clôture du G7. Les sept pays réaffirment leur engagement, pris à Copenhague en 2009, de mobiliser 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 pour lutter contre les conséquences du changement climatique. Le Japon reste loin de ceux de l'Union européenne, qui veut réduire ses émissions de 40% par rapport aux niveaux de 1990, et des Etats-Unis, engagés sur une baisse de 26 à 28% d'ici à 2025 par rapport à 2005. A une certaine époque, il s'agissait des sept pays les plus riches. Mais maintenant, Il y a le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine respectivement en 2e, 7e, 8e et 9e position. Alors c'est quoi le G7? Les sept pays les plus riches de l'Otan? Avec une rhétorique guerrière contre le reste du monde? L'Empire et ses vassaux ont la ferme prétention de vouloir continuer à dominer sachant qu'inexorablement le barycentre du Monde s'est déplacé du côté de l'Asie... 1. Michel Colomès:http://www. lepoint.fr/ monde/g7-un-carton-jaune-pour-poutine-09-06-2015-1934834_24.php#xtor=CS3-190 2. Peter Symonds http://www. mondialisation.ca/washington-dirige-un-choeur-de-condamnations-de-la-chine/5454397 3.Romaric Godin 08/06/2015 http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-le-piege-tendu-par-les-creanciers-482395.html#xtor=AL-13 4.http://french.irib.ir/info/iran-actualite/item/371807-l%E2%80%99iran-tient-%C3%A0-sa-part-du-march%C3%A9-p%C3%A9trolier-bijan-zangeneh 5.Ludovic Dupin - http://www.usinenouvelle.com/editorial/baisse-du-petrole-15-milliards-d-euros-d-economie-pour-la-france-en-2015.N311345