Condamnation unanime des attentats de Taba, silence entourant les massacres à Ghaza. Les attentats meurtriers de jeudi soir dans la péninsule du Sinaï et plus particulièrement celui de Taba, dont le bilan des victimes s'alourdit, ont, à juste raison, soulevé l'indignation de la communauté internationale, qui n'avait pas de mots suffisamment durs pour qualifier l'opération sanglante contre des vacanciers israéliens au Sinaï. Une condamnation frappée de bon sens si elle n'avait pas été entachée de sélectivité par l'absence de condamnation, de la même manière, des exactions commises par Israël dans le nord de la bande de Ghaza et les crimes de l'armée israélienne contre la population palestinienne. Plus de 110 morts, Palestiniens, ces dix derniers jours à Jabaliya et à Beit Hanoun, au summum d'une vaste offensive de l'armée d'occupation israélienne contre la résistance palestinienne, sans que la communauté internationale s'en émeuve. Dans un paroxysme de paranoïa, l'armée israélienne n'a pas hésité a abattre froidement de 20 balles dans le corps une gamine de treize ans, une écolière, du seul fait que cette petite leur a paru suspecte. Cet acte barbare, pourtant ignoble, à cependant laissé froide une communauté internationale qui a fait assaut de condamnation du triple attentat à la voiture piégée du Sinaï mais est restée silencieuse sur les tueries à Ghaza. Toute chose égale par ailleurs, il aurait été opportun que la communauté internationale fasse preuve de plus de sang-froid et réalise que l'occupation des territoires palestiniens demeure la pierre angulaire du drame qui est celui du Proche-Orient. Certes, Israël en tant qu'Etat membre de la communauté internationale a droit à la sécurité pour ses citoyens et celui de se défendre, mais cela ne saurait se faire au détriment du droit des Palestiniens d'ériger leur Etat indépendant. Et c'est là le fond du problème, d'autant plus que la communauté internationale est plus sensible aux pressions du lobby israélien qu'à l'observance par Israël des règles du droit et des lois internationaux. Les morts israéliens, égyptiens et d'autres nationalités à Taba, jeudi, sont des morts en trop comme le sont les centaines de morts palestiniens tués ces dernières semaines, des morts en fait inutiles car la communauté internationale n'a pas pu, ou eu la volonté de traiter Israël comme les autres Etats du monde, obligeant l'Etat hébreu à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité sur les territoires palestiniens et à se retirer de ces territoires. Or, le veto américain donne quasiment le feu vert à Israël de poursuivre le massacre des Palestiniens entrepris dans la bande de Ghaza, veto qui, loin d'atténuer le paroxysme où s'est fourvoyé le Proche-Orient, a, en revanche, ouvert les vannes à tous les dépassements. Et une action comme celle contre les touristes israéliens à Taba était pratiquement dans l'ordre des choses lorsque la communauté internationale n'a pas eu le courage de mettre Israël face à ses responsabilités en tant que puissance occupante des territoires palestiniens. Après les attentats de Taba et la disparition de deux jeunes Italiennes, le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a qualifié hier de « barbarie franchement incompréhensible » ce qui s'est passé jeudi au Sinaï. Certes, mais quelle différence peut-il y avoir entre la barbarie des émules d'Al-Qaîda et la barbarie des soldats israéliens dans la bande de Ghaza? Pourtant y a-t-il acte plus barbare que celui de cribler de balles une enfant de 13 ans? Quelle a été la réaction de M.Berlusconi et d'autres responsables de ce monde face à cet acte inique? N'est-ce pas? Ce qui s'est passé jeudi dans le Sinaï égyptien est certes condamnable et la communauté internationale, justement, n'a pas manqué de réagir en conséquence mais qui condamnera jamais les exactions barbares, et les crimes contre l'humanité, qu'Israël commet depuis plusieurs mois dans les territoires palestiniens occupés? Peut-on un jour espérer que les esprits reviennent à raison garder si la communauté internationale continue à faire montre du deux poids deux mesures dans le conflit israélo-palestinien, lorsque les atrocités de l'occupant israélien sont (quasiment) admises et la résistance des Palestiniens condamnée sans rémission, accordant ainsi à la puissance occupante israélienne tous les droits, y compris celui d'entreprendre des opérations punitives collectives comme celles de Jabaliya, mais elle est ferme et impérative avec la résistance palestinienne. Or, ce sont ces dénis de droit qui permettent des actes tels ceux de Taba. Il ne peut pas y avoir une barbarie tolérable, celle d'Israël, et celle intolérable à l'image des attentats du Sinaï. Il ne s'agit nullement d'approuver la tuerie de Taba, l'acte étant condamnable par lui-même, mais de mettre en exergue le fait qu'Israël, encore et toujours, demeure le responsable de la mort de centaines de personnes, y compris israéliennes, et de la montée des périls au Proche-Orient. Cette situation ne fera que s'aggraver tant que les Palestiniens ne seront pas rétablis dans leurs droits.