Le chèque pour combattre l'informel Après la réduction de la TAP et de l'IBS, la folle rumeur sur une amnistie fiscale, le chèque obligatoire est rappelé au secours de l'Etat. Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a déclaré à la presse en marge d'une séance plénière à l'Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales récemment que «les banques ouvriront leurs guichets à partir du 1er juillet prochain pour recevoir tous les fonds qui sont hors circuit bancaire». Cette opération vise «à assurer le confort au citoyen et à lui sécuriser ses transactions et à les rendre plus faciles», a-t-il expliqué. Néanmoins, M.Benkhalfa, sachant l'opération délicate, ne se fait pas trop d'illusions bien que, pour séduire, il s'emploie intelligemment à parler «de confort du citoyen et de la sécurité de ses transactions». «Cette (mesure) est destinée aux citoyens respectables et non pour des cas d'exceptions» a-t-il insisté en effet. Naturellement, le ministre des Finances est conscient de la difficulté à faire adhérer les citoyens à une démarche de ce genre, c'est pourquoi il rassure en professant notamment que «cette mesure concerne tous les citoyens (qui sont dans la légalité), qui ont des liquidités et qui veulent continuer à travailler» et en disant que «ces citoyens vont avoir plus de facilités dans les banques pour que ces liquidités soient traitées par chèque ou par virement». Ce virage que le gouvernement est en train d'effectuer intervient dans une conjoncture qui ne laisse place à nulle improvisation. Car, avec la chute des prix du pétrole et qui est appelée à s'accentuer davantage dans les mois et les années qui viennent, la rigueur dans la prise des décisions et dans leurs applications est non seulement nécessaire mais indispensable, surtout avec la baisse des prix des hydrocarbures. Et Abderrahmane Benkhalfa le sait très bien. Prise déjà par le passé, notamment par Ouyahia, cette décision n'a jamais été mise en application. Sauf que, au temps où elle a été prise par le nouveau patron de RND, la conjoncture était autre et l'Algérie ne vivait aucune tension budgétaire. Bien au contraire. A présent, une telle démarche s'impose comme une «planche de salut» pour le gouvernement. Concrètement, telle qu'elle est contenue dans le décret exécutif qui a été publié mercredi dernier au Journal officiel, cette mesure rend obligatoire, à partir du 1er juillet 2015, le paiement par les moyens de paiements scripturaux (chèque, virement, carte de paiement, prélèvement, lettre de change, billet à ordre), à travers les circuits bancaires et financiers, toutes les transactions dépassant le seuil de 5 millions de dinars pour les transactions immobilières et de 1 million de DA pour l'achat de véhicules neufs, d'équipements industriels, de yachts ou bateaux de plaisance, de biens de valeur auprès des marchands de pierres et métaux précieux, d'objets d'antiquité et d'oeuvres d'art ainsi que de meubles et effets mobiliers corporels aux enchères publiques. Faisant suite à la décision du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de réduire l'IBS et la TAP afin d'encourager les acteurs de l'informel à entrer dans le circuit formel et bancariser ainsi la masse monétaire qu'ils contrôlent, cette entreprise de Abderrahmane Benkhalfa mobilise d'ores et déjà une bonne partie du gouvernement. Car et c'est vital, l'Etat dont les recettes s'amenuisent de jour en jour, doit renflouer ses caisses. Et décidément, le passage du «budget vers le marché» dont a parlé Abderrahmane Benkhalfa aux premiers jours de son installation à la tête des Finances et qui s'inscrit dans cette perspective, va bon train.