Dans moins d'une semaine, débutera le 15e Festival mondial de la jeunesse que l'Algérie aura l'honneur d'abriter. Une première pour un pays arabe et africain. Mais attention, si l'Etat veut faire de ce festival une grande démonstration de ses capacités organisationnelles ou redorer son blason et se placer dans une optique d'attraction économique, il y a, par ailleurs, les groupes armés qui se déploient, depuis plus de trois mois, en se déversant carrément sur les flancs du littoral. S'ils réussissent à saborder la tenue de ce Festival, ils auront réussi le grand pari de revenir en force : (ré)occuper le champ du temporel algérien, dans le même temps qu'ils auront réussi un coup médiatique de grande ampleur (l'effet recherché). Entre la tenue du festival et les groupes terroristes, les forces de sécurité se déploient, eux aussi, depuis le massacre des sept membres d'une même famille à Aïn Tagouraït, le 22 juillet dernier, et essayent de sécuriser le littoral en faisant «un travail en profondeur», c'est-à-dire en procédant à des ratissages qui remontent vers le massif blidéen. Dans ce couple «triangulaire», festival, terrorisme et sécurité, il y a, bien sûr, un élément de trop, car seul un ménage à deux est attendu. Festival et sécurité, et c'est tant mieux, festival et terrorisme, et c'est l'Algérie qui prendrait un sale coup médiatique dont les répercussions politiques et économiques seront désastreuses, ou, enfin sécurité et terrorisme et, dans ce cas, les participants devront plier bagages et rentrer chez eux, et c'est le pire scénario imaginable. Dans la réalité, heureusement, le problème se pose avec moins de gravité. Coup sur coup, les terroristes ont agi à Aïn Tagouraït, le 22 juillet 2001, puis au CET de Tipasa, le 24 juillet 2001, c'est-à-dire sur le tronçon et l'itinéraire mêmes, qu'emprunteront nécessairement les estivants et les participants au festival. Depuis, les forces de sécurité, militaires appuyés par la gendarmerie, la police communale et les GLD, procèdent à un travail «en profondeur», loin des yeux, en remontant, dans le cas cité, de Tipasa, Aïn Tagouraït et Bou Ismaïl vers les vastes vergers et terres agricoles de Mouzaïa, les forêts de Attatba, acculant les terroristes à regagner peu à peu les hauteurs de Chréa (Tamesguida, Hamdania, etc.) C'est vraisemblablement ce qui s'est passé, il y a moins d'une semaine lors du massacre de onze personnes dans les domaines agricoles d'«El-Qaria», à Mouzaïa. C'est en reculant sous la poussée des militaires que les GIA ont procédé à cette boucherie. Six personnes ont été tuées à Haouch El-Aïssaoui, quatre à Haouch El-Gaâda, puis un dernier à Haouch Louchou, avant de prendre les hauteurs de Chréa, selon des témoins oculaires. Quoi qu'il en soit, peut-on concevoir un festival sans la Kabylie ? Peut-on faire l'impasse sur une région aussi riche, aussi porteuse, en termes de tourisme, de culture, d'accueil ? C'est pourtant ce qui semble être la solution choisie dans la douleur. Car il est pratiquement acquis que les bus du festival ne prendront pas le chemin de la Kabylie. Ni de jour ni de nuit. La grande parade du GSPC dans le coin a été déterminante dans cette option, malgré le grand déploiement de l'armée dans la forêt de Mizrana (près de dix terroristes abattus). Ne pouvant accueillir le Festival de la jeunesse, les ârchs ont choisi de venir à Alger pour l'empêcher de se tenir. La veille donc, de sa tenue, les choses seront inscrites au chapitre haute tension. Pour les responsables des ârchs, «il ne sert à rien de leurrer les jeunes étrangers, lorsque la jeunesse algérienne vit la marginalisation et la répression». Près de 40 milliards de centimes ont été consentis pour ce festival. Politiquement, il a une portée certaine. Economiquement, aussi. Les retombées immédiates sur le marché local seront considérables. Le transport, le commence, l'artisanat, le tourisme seront à l'affût des affaires, et, tout au long du littoral, les jeunes sont dans l'attente de nouvelles connaissances avec les étrangers, et les petits commerces vont tenter de renflouer une année plate. Mais tout cela dépend faut-il encore le souligner de la gestion du sécuritaire qui reste l'élément clé de toutes les spéculations