Malgré le fort pressing exercé par les uns et les autres pour faire barrage à la manifestation, celle-ci va quand même se tenir, avec en prime une participation record de près de 140 pays. L'Algérie organise, à partir d'aujourd'hui, l'une des plus importantes manifestations depuis l'indépendance. Il faut remonter à 1969, année de l'organisation du Symposium de la jeunesse africaine, pour trouver une manifestation de l'envergure de celle qui s'ouvre aujourd'hui à Alger. La comparaison entre les deux événements s'arrête au niveau de la dimension planétaire. En effet, si le symposium de 1969 s'est déroulé dans un climat socio- politique stable, avec en prime l'euphorie du socialisme triomphant, le Festival mondial de la jeunesse se tient dans une conjoncture des plus difficiles pour le pays. A peine sortie du long tunnel de la violence terroriste, l'Algérie a dû faire face à une grave crise, dont l'une des manifestations a été les émeutes sanglantes de Kabylie qui ont fait des dizaines de victimes. Le festival va se tenir dans une ambiance inhabituelle faite de tentatives de déstabilisation des plus importantes institutions de la République, en sus d'âpres polémiques sur le projet de société où modernistes et conservateurs se livrent une véritable guerre de tranchées qui freine d'une manière ou d'une autre, l'évolution du pays. Et parce que l'Algérie sera sous les feux de la rampe (des centaines de journalistes étrangers sont attendus), les différentes forces politiques occultes et légales vont, sans doute, redoubler de férocité aux fins de marquer de leurs empreintes la semaine que durera le festival. Aussi, il faut s'attendre à des actions terroristes dans le pays profond, afin de rappeler au monde que le pays n'est pas si sécurisé que cela. Les massacres relanceront, à n'en pas douter, la question du qui tue qui ?, si chère à l'International socialiste. D'ailleurs, dès l'annonce du Festival mondial de la jeunesse à Alger, les officines politiques de tout bord ont tout fait pour en empêcher la tenue. Il y a eu d'abord les rumeurs sur son annulation qu'une certaine presse s'était empressée de reproduire sur des manchettes à la Une, puis un insidieux travail de sape des milieux islamistes qui, dans la perspective d'isoler la jeunesse algérienne du reste du monde, ont fait circuler une autre rumeur faisant état de la présence, parmi les festivaliers, d'une délégation israélienne et enfin, la Coordination des ârchs ferme la marche en demandant aux festivaliers de ne pas prendre part à l'événement en chargeant les pouvoirs publics d'accusations aussi dures que mensongères. Ils ont été tout simplement comparés aux nazis. Il faut croire que malgré le fort pressing exercé par les uns et les autres pour faire barrage à la manifestation, celle-ci va quand même se tenir, avec en prime une participation record de près de 140 pays représentés. Certains observateurs, qui suivent l'évolution du dossier Algérie, se disent plutôt surpris que l'événement ait résisté à une telle pression. Cet état de fait confirme, selon eux, la solidité du travail de réanimation du pays, entrepris depuis la dernière élection présidentielle. Si par moments, l'on doutait de l'efficacité de l'action du chef de l'Etat pour redorer le blason de l'Algérie, le Festival mondial de la jeunesse est un cinglant démenti à ceux qui affirment que Bouteflika a gaspillé le capital sympathie né de son élection à la tête du pays. Cependant, l'initiative algérienne d'abriter cette grande manifestation est un pari risqué au sens que les forces de l'inertie sont loin d'être affaiblies et composent efficacement avec le système corrompu. La tenue du festival est, en fait, une demi-victoire. C'est sa réussite qui compte en dernier lieu. La lutte pour faire émerger l'Algérie et l'amarrer au train de la modernité ne fait, en réalité, que commencer. Le Festival mondial de la jeunesse est un pas, certes important, mais l'essentiel reste à faire.