La loi de Finances 2015 avait tablé sur un prix du baril à 100 dollars initialement, alors que la LFC avait rectifié le tir, en estimant le baril à 60 dollars, soit une baisse de 40%. L'impact de la chute des prix du pétrole continue de plonger l'économie nationale dans les abysses de l'inflation et du déficit. Le fossé entre les prévisions de la loi de finances complémentaire 2015 et l'évolution de la situation économique du pays, se creuse dangereusement. Le rapport de la Banque d'Algérie annonce un recul de 151 milliards de dollars sur les réserves de changes pour la fin de l'année en cours, et ce après avoir été estimées à 159 milliards de dollars en mars 2015.En plus d'un déficit de 9 milliards de dollars, l'impact sur le Fonds de régulation des recettes se fait concrètement sentir. Le FRR est passé d'un solde de 4408 milliards de dinars à 2700 milliards de dinars en quelques mois «si aucune mesure d'optimisation des recettes et de rationalisation des dépenses n'est prise» lit-on dans le projet de loi de finances complémentaire 2015. C'est dire l'importance de l'incidence directe de la chute du prix du baril sur les finances publiques. Et pour cause, la loi de finances 2015 avait tablé sur un prix du baril à 100 dollars initialement, alors que la LFC avait rectifié le tir, en estimant le baril à 60 dollars, soit une baisse de 40%. A cela il faut ajouter une baisse de 49% sur les exportations d'hydrocarbures, qui passeront selon le projet de l'ordonnance, qui sera présenté au Conseil des ministres, de 66 milliards de dollars prévus pour la fin de l'année, à 33,8 milliards de dollars. Pour les observateurs de la scène économique, ce constat aurait pu être évité, si durant le période des vaches grasses, où le prix du baril affichait constamment un prix dépassant les 100 dollars durant des années, une politique de gestion et de relance économique avait été mise en place. Ils rappellent que l'Algérie avait enregistré durant cette période un cumul des revenus issus des exportations d'hydrocarbures de l'ordre de 750 milliards de dollars. Ils estiment que beaucoup de problèmes économiques et sociaux auraient trouvé une voie de solution grâce à cette aisance, ou, du moins, un processus de résorption de foyers de perturbations financières et économique, aurait pu être mis sur les rails, pour justement ne pas arriver à la situation actuelle, qu'ils qualifient d'alarmante. En l'absence de rigueur, de clairvoyance et de prévisions dans la gestion économique du pays, paradoxalement ce sont les dérives et les grands scandales financiers qui ont marqué cette période. Pour eux, la plus grande erreur était de rester sur une dépendance aux hydrocarbures outrancière. Ils estiment qu'une relance ou une diversification de l'économie nationale aurait été plus efficace, aisément réalisable, et plus appropriée en période où les caisses étaient pleines. En somme, ils dénoncent un ratage impardonnable en matière de gestion économique, car ce cumul de revenus aurait permis à l'Algérie de mettre le pied à l'étrier et aborder la voie du développement et de l'industrialisation depuis des années, avec une meilleure chance de réussite. Par ailleurs, la LFC 2015 prévoit néanmoins un recul de 12% sur la facture des importations des marchandises pour la fin de l'année, passant de 65,4 milliards de dollars en inscription initiale au budget, 57,3. Sur la même lancée, le taux d'inflation affichera une hausse de 1%, suivi par un redressement du taux de change qui se hissera à 98 dinars pour un dollar, au lieu de 97,2 en avril dernier. Dans le même sillage, la croissance économique se stabilisera à 3,8 contre 3,4, suivie par la croissance économique hors hydrocarbures qui affichera au terme de cette année un taux d'avancement de 5,1%, alors que la loi de finances 2015 avait prévu 4,3% pour la fin de l'année en cours.