La vie est belle pour les footballeurs en Algérie Le football et ses clubs «étatiques» avec les salaires mirobolants qu'ils proposent aux joueurs en sont le parfait exemple. Ce qui rend tout à fait indécent de demander aux citoyens de se serrer la ceinture... Austérité, mais... pas pour tous! Au moment où l'on prépare les citoyens à se serrer la ceinture, nos institutions et entreprises publiques font preuve d'une opulence ostentatoire! Le football est le meilleur exemple du gaspillage de l'argent public. La Sonatrach et trois de ses filiales, sont aux commandes de quatre grands clubs algériens. Ainsi, le Mouloudia d'Alger est la propriété de la maison mère la Sonatrach, alors que le MC Oran, le CS Constantine et la JS Saoura sont respectivement dans le giron de Naftal, Tassili Airlines et Enafor. Des investissements qui, dans d'autres pays qui répondent à une logique commerciale, auraient été fructueux mais pas chez nous. Ces clubs de football ne font que pomper l'argent public pour des résultats désastreux. On cite l'exemple du Mouloudia d'Alger qui a été repris par la Sonatrach en 2012 pour plus de 300 millions de dinars, qui représentaient... le passif du club. Trois ans plus tard, il n'y a aucun retour sur investissement qui se profile. Bien au contraire, on ne cesse d'injecter de l'argent public. On parlerait de près de dix fois la somme injectée au départ, dépensée en ces trois petites années pour payer rubis sur l'ongle des joueurs de seconde zone. Et la crise financière semble être loin de ces clubs qui sont en train d'affoler le mercato hivernal avec des sommes surréalistes. Ils ont dépensé des milliards de dinars pour s'attacher les services des «Messi» du football national. Ça se négocie en centaines de millions de centimes comme salaires mensuels. L'ex-gardien international Faouzi Chaouchi toucherait au MC Alger la coquette somme de 250 millions de centimes par mois. Pis encore, ces clubs qui appartiennent à l'Etat ne se contentent pas de dépenser des milliards de dinars, mais même la devise y passe! Entraîneur, joueurs étrangers et même émigrés ont le droit à des milliers d'euros par mois, sans parler des primes de matchs. L'ex-international algérien, Mourad Meghni, qui a arrêté le football professionnel depuis plus de deux ans se contente de matchs du dimanche en fustal (foot en salle), vient de signer au CSC. On parle de 20 000 euros par mois! D'autres joueurs, africains et même brésiliens, sont payés avec des sommes tout autant faramineuses. Notre championnat de football est devenu un nouvel Eldorado pour les entraîneurs anonymes de l'Hexagone, des joueurs venus d'Afrique noire, de seconde zone et bien sûr certains compatriotes qui n'arrivent pas à assurer leurs places dans les divisions inférieures, CFA, en France. Ils reçoivent des salaires de 18 000, 20 000 jusqu'à 25 000 euros pour certains joueurs! De la devise qui circule sans aucune traçabilité du fait de l'absence de transparence sur le marché des transferts dans la mesure où les clubs ne divulguent pas les montants des transferts. Des soupçons pèsent même sur les transferts illicites de devises via ces recrutements de joueurs fantoches. Quand ce sont des clubs qui constituent la propriété privée d'hommes, la couleuvre peut passer, mais quand il s'agit d'argent public comme avec les quatre clubs pré-cités, la pilule ne peut pas être avalée. Ces joueurs de football qui sont employés dans ces entreprises touchent plus que leur P-DG. Pour quels résultats? Des ingénieurs qui ont fait de hautes études et dont l'apport rapporte des milliards à l'entreprise et au pays, dépassent difficilement les 100 000 dinars/mois, alors qu'un gardien de but qui surveille une fois par semaine 7 m 32, touche 20 fois plus. Les autorités avaient décidé un plafonnement des salaires des joueurs à 80 millions de centimes pour ceux de la Ligue 2 et 120 millions de centimes pour la Ligue 1, ce qui reste déjà énorme en soit par rapport au rendement, mais même ce plafonnement n'est pas respecté par tous les clubs de football, dont bien sûr ceux appartenant aux entreprises publiques. C'est même eux qui font le plus de surenchère. A l'étranger, on peut acheter un joueur à 100 millions d'euros mais rien que dans la revente des maillots et produits dérivés on rentabilise cet achat. Ce qui n'est pas le cas chez nous, où ce ne sont que des joueurs «budgétivores». L'argent public est jeté par les fenêtres en ces moments de crise, ce qui est absolument intolérable. Toutefois, le football n'est pas le seul domaine où l'on jette l'argent du contribuable par les fenêtres. Plusieurs de nos entreprises publiques sponsorisent des évènements à coups de milliards sans répondre à une stratégie économique claire. En parlant justement de ce genre d'évènements, il est inadmissible qu'on organise des galas ou des festivals comme celui de «Constantine capitale de la culture arabe» sans que cela ne soit rentable. Il faut des études au préalable, et si cela n'est pas rentable il n'y a pas lieu d'être organisé surtout en période de vaches maigres. Que dire alors du train de vie de nos responsables. Les voitures de luxe de nos ministres, députés, walis, chefs de daïra, chefs d'entreprises publiques, hauts cadres de l'Etat, reflétant le luxe dans lequel baigne cette catégorie de responsables qui devrait en principe être la première à montrer l'exemple. Les scandaleux salaires et autres avantages de ces fonctionnaires et représentants du peuple étaient tolérés par les Algériens en période de richesse, mais sûrement pas en période de récession...Le discours officiel a tendance à se focaliser sur la réduction des importations pour sauver le pays de la banqueroute, mais mettre d'abord fin à ces gaspillages et aux hémorragies économiques aux frontières serait déjà un grand bien pour l'économie nationale, qui nous fera gagner beaucoup d'argent et surtout fera accepter aux citoyens la crise. Dans la situation actuelle, il est tout simplement indécent de demander à ces derniers de se serrer la ceinture...