Le siège du FLN Cette disparition des radars du parti majoritaire est le résultat direct de la gestion personnelle des affaires du parti par son secrétaire général, Amar Saâdani. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le parti majoritaire, qui trône sur toutes les institutions du pays observe un silence troublant. Sans direction depuis son Xe congrès tenu les 28, 29 et 30 mai dernier, puisque le bureau politique (BP) n'est pas encore installé, le parti semble naviguer à vue. «Jamais le FLN n'a traversé une telle situation depuis sa création. Jamais le FLN n'est resté sans bureau politique pendant deux mois. C'est le ridicule qui frise le tragique», indique Abderrahmane Belayat, responsable au sein du parti durant plus d'un demi-siècle. Cette disparition des radars du parti majoritaire a été imputée à «la gestion personnelle des affaires du parti par son secrétaire général, Amar Saâdani». Sans chargé de communication, le FLN est un parti sans voix. Cette absence prolongée de direction, qui est appelée à durer puisque le comité central (CC) ne sera convoqué que vers fin août ou début septembre, a exposé l'ex-parti unique à toutes les dérives. Au moment où le groupe parlementaire est divisé, en raison de la décision du gouvernement d'interdire les transactions commerciales dépassant un certain seuil en espèces, la tête du parti a cultivé le mystère en refusant de mettre fin à la polémique. En effet, le chef du groupe parlementaire du parti s'est engagé publiquement à ne pas respecter le décret exécutif en question avant d'être désavoué publiquement par le président de la Commission des finances de l'APN. Le spectacle s'est déroulé dans l'enceinte de l'Assemblée populaire nationale, en présence du Premier ministre et du staff gouvernemental, dont plusieurs ministres FLN. Au lieu de prendre une position ferme par rapport à la question, le secrétaire général du parti a préféré laisser faire, ouvrant la voie à toutes les interprétations, y compris sur son rôle dans les déclarations du chef du groupe parlementaire. Il est étonnant, c'est le moins que l'on puisse dire, que le parti majoritaire soit réduit à l'action de son seul secrétaire général. Cette démarche imposée par Amar Saâdani fait que, à part ses adversaires affichés, aucun autre cadre ne peut s'exprimer ou prendre position à visage découvert. Des membres du comité central trouvent la situation cocasse. Ils en sont réduits à la spéculation et ne comprennent rien à la disparition subite de leur parti de la scène politique. Contrairement au RND qui a rendu publique la nouvelle composante de son secrétariat national, et ce à peine 20 jours après le retour d'Ahmed Ouyahia à la tête du parti, le FLN peine à constituer son bureau politique et ce, près de deux mois après son dernier congrès. Résultat: le FLN est en panne de communication. Selon un membre du comité central, il faudra attendre fin août ou début septembre pour connaître cette composante à l'occasion de la tenue de la première session de cette instance. D'ici là, le parti ne prévoit aucune activité et même la traditionnelle université d'été semble avoir été sacrifiée. Pourquoi alors le FLN s'est-il «éteint» au moment où l'opposition occupe la scène politique et les médias? Selon M.Belayat, le FLN s'est complètement effacé à cause de l'illégitimité de sa direction et de son dernier congrès «fantoche». L'éclipse du FLN à travers lequel sont reflétés les conflits au sommet de l'Etat, signifie-t-elle que les choses sont arrangées en haut lieu et que les luttes des clans pour le pouvoir sont dépassées? En tout cas, avec l'absence du FLN, et l'extinction, jusqu'à nouvel ordre, des luttes internes en son sein, elles font peser un vide dans la vie politique nationale. La dernière apparition publique du secrétaire général du parti, si on exclut les conversations téléphoniques avec deux organes de presse, remonte au 13 juin dernier. C'était à l'occasion d'une conférence de presse programmée, selon des observateurs, pour réduire l'impact médiatique du congrès constitutif du nouveau parti d'Ali Benflis, ouvert le même jour. Depuis, c'est le calme plat. Aucun communiqué, aucune réunion, aucune réaction. Pourtant, ce ne sont pas les évènements qui manquent. Le FLN a perdu la boussole. Il est l'un des rares partis à n'avoir pas réagi aux derniers évènements dramatiques de Ghardaïa.