Les divergences peuvent peser sur l'avenir de la contestation au moment où Saâdani étend sa mainmise sur les affaires du parti Un recours sera déposé près le Conseil d'Etat pour invalider les résultats du congrès. Les opposants à la direction nationale du FLN ne s'avouent pas vaincus, malgré le succès du Xe congrès du parti, taillé à la mesure du secrétaire général, Amar Saâdani. Quelques jours après le déroulement du plus grand rendez-vous organique du parti majoritaire, ils décident de revenir à la charge. Un recours sera ainsi déposé près le Conseil d'Etat pour invalider les résultats du congrès. «On a reçu nos avocats et on va faire appel contre l'autorisation accordée pour l'organisation du congrès. On prépare un dossier complet pour annuler ses résultats», a affirmé, hier au téléphone, Abderrahmane Belayat. Sur un autre plan, les adversaires de M.Saâdani, toutes tendances confondues, se rencontreront demain jeudi pour réagir aux résultats du dernier congrès et décider de la suite à donner à leur mouvement. Selon M.Belayat, cette réunion qui aura lieu au niveau de la villa d'El Biar qui fait office de permanence parlementaire des députés opposants à la direction nationale, verra la participation de tous les membres du comité central et des parlementaires qui ont boycotté le congrès. Les contestataires veulent rassembler tous les éléments concernant la violation des textes du parti et de la loi sur les partis politiques afin de construire un argumentaire solide prouvant l'«illégitimité» du congrès. Selon Salah Goudjil qui s'est exprimé dans un journal électronique, la rencontre de demain sera une occasion de «dégager une feuille de route avec nos positions et la rendre publique de manière à contester la tenue du congrès et ses résultats». Il faut dire que l'exclusion des opposants des structures du parti au lendemain du congrès, notamment de l'instance suprême entre deux congrès, le comité central en l'occurrence, diminue fortement leur marge de manoeuvre. Des divergences sont apparues dès les premiers jours entre les différents groupes qui contestaient la légitimité de la direction nationale et la légalité du congrès. Le coordinateur du mouvement de redressement, Abdelaziz Belkhadem, évoque l'hypothèse de la création de plusieurs associations afin de réclamer la remise de l'ex-parti unique au musée, rejoignant ainsi les voies traditionnelles qui militent pour cette cause. L'ancien président de l'APN, Abdelaziz Ziari, qui qualifie le FLN de Saâdani de «comité de soutien» n'écarte pas l'éventualité de créer un nouveau parti, une sorte de FLN bis ou FLN parallèle. «Nous sommes en train de réfléchir, avec beaucoup de cadres qui sont intéressés par l'avenir du FLN, pour envisager la possibilité de créer un FLN canal historique. Peut-être qu'on ne nous donnera pas l'autorisation de l'appeler ainsi, mais on a lancé l'idée de la création d'un parti qui reprendra le combat du FLN», a déclaré M.Ziari dans une interview à un journal électronique. Ces divergences peuvent peser sur l'avenir de la contestation au moment où Amar Saâdani étend sa mainmise sur les affaires du parti. Alors que le nouveau comité central lui est totalement acquis, il lui reste de choisir parmi ses fidèles les membres du bureau politique. Le secrétaire général, fort du soutien du président du parti, s'est débarrassé de tous ses adversaires qui réclamaient sa tête pendant de longs mois. Au sein du comité central, l'instance suprême entre deux congrès, il n'y a plus les Salah Goudjil, Abderrahmane Belayat, Abdelkrim Abada, Abdelaziz Ziari, Abdelaziz Belkhadem, El Hadi Khaldi et les autres opposants les plus en vue de la direction nationale. Ces derniers sont beaucoup plus contrariés par le message franc de Bouteflika aux congressistes où il dissipe tout doute quant à sa position. Sollicité à plusieurs reprises par les contestataires pour mettre fin aux «dérives autoritaires» de Saâdani, Bouteflika est finalement intervenu pour conforter la position du secrétaire général et cautionner sa démarche.