Les pays du Maghreb n'arrivent toujours pas à parler d'une seule voix. Refus sur refus. Après le rejet exprimé tant par la Libye que par la Tunisie de voir s'ériger en Afrique du Nord, des centres de transit pour «filtrer» l'immigration clandestine, une proposition émise par certains pays européens, notamment la Grande-Bretagne, l'Italie et l'Allemagne, au cours d'une rencontre du G5 tenue récemment à Florence en Italie, l'Algérie a, à son tour, emboîté le pas à ses voisins maghrébins en rejetant de la manière la plus officielle qui soit, l'idée européenne. Ainsi, tandis que certains bruits ont été colportés et grossis quant à un éventuel modus vivendi qu'auraient conclu, après tractations, les pays initiateurs avec notre pays, le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a balayé d'un revers de main, une telle rumeur en déclarant, samedi 23 octobre, que «l'Algérie était contre la proposition faite par quelques pays européens de mettre en place au Maghreb des centres de transit des immigrants clandestins». Les soupçons, de fait, levés sur la position algérienne, d'autres voix indiquent, quant à elles, que des négociations avec le Maroc sont actuellement à un stade assez avancé et parlent même de l'installation, secrète, d'un centre de transit sur le territoire chérifien. Ils subordonnent l'assentiment marocain à la souplesse des pays européens vis-à-vis de ce pays, quant à la question du Sahara occidental. Car, en s'abstenant de voter la semaine précédente, les recommandations faites par le comité des Nations unies chargé des questions de colonisation, largement favorables à la partie sahraouie, ces mêmes pays ont poussé les dirigeants marocains à fermer les yeux et acquiescer au projet européen. Quant à la Libye dont la position officielle, le rejet de cette initiative, avait été explicitée précédemment par son Premier ministre, Choukri Ghanem, que certaines informations indiquent qu'un projet-pilote d'un centre de transit financé par l'UE, sous la houlette du Haut Commissariat aux réfugiés serait actuellement à l'oeuvre. L'idée, donc d'installer sur les terres de l'Afrique du Nord des «guichets» européens, a été, rappelle-t-on, «soufflée» par le Premier ministre britannique, Tony Blair. De fil en aiguille, la proposition anglaise a progressivement, fait l'effet boule de neige jusqu'à la tenue, à la mi-octobre, d'une rencontre entre les ministres de l'Intérieur des cinq pays européens formant le G5: L'Italie, la France, l'Allemagne, l'Angleterre, et l'Espagne, au cours de laquelle les trois premiers avaient soutenu le souhait de Tony Blair, ont appelé à la création de centres d'accueil à travers les pays du Maghreb pour, selon les ministres allemands, anglais et italiens, «filtrer» les candidats désireux d'entrer en Europe. Ces guichets seraient conçus de telle façon à permettre un premier tri parmi les candidats à l'exil. Toutefois, le projet de la troïka fut contesté par la France et l'Espagne qui ont émis des doutes, quant au respect des conditions humaines à l'intérieur des centres. Ils ont également mis en garde contre les violations des droits de l'homme, si récurrents en pareille situation.