L'Espagne semble être sur tous les fronts en vue de rassembler le maximum d'Etats nord-africains et européens autour d'une stratégie unique de lutte contre l'immigration clandestine. Longtemps critiqué par l'Union européenne sur ce dossier, le gouvernement Zapatero tente de redresser un tant soit peu sa politique migratoire jugée « trop permissive ». Pour ce faire, il compte, cette fois-ci, sur l'aide et la contribution de pays comme l'Algérie. La visite, lundi, de la première vice-présidente du gouvernement espagnol, Mme Maria Teresa Fernandez de la Vega, a bien marqué le point. L'Espagne veut avoir le soutien de l'Algérie qui a refusé d'adhérer à la politique répressive européenne de lutte contre l'immigration clandestine. Au terme de la dernière visite, les deux Etats algérien et espagnol semblaient avoir convergé leur vue sur la manière d'y faire face. Cependant, l'Algérie, acteur principal dans la mise en œuvre du mécanisme du Nepad, plaide pour la préservation de la dignité des immigrants africains. Contrairement à ses voisins marocains et libyens qui se sont vite pliés aux exigences de l'UE, l'Algérie refuse toujours de devenir le « gendarme » de l'Europe. D'ailleurs, elle est le seul pays maghrébin qui a réfuté que des camps de transit soient installés sur son sol. L'Espagne, qui est considérée pendant des années comme le « mauvais élève » de l'UE, tente, de son côté, de se racheter en adhérant, cette fois-ci, à la stratégie globale proposée il y a des années par la Commission européenne. Cette stratégie consiste notamment à mettre les moyens humain et matériel pour freiner les flux migratoires aux frontières de l'Europe. Pour mettre en œuvre sa stratégie globale, l'UE voulait impliquer outre mesure les pays de la rive sud de la Méditerranée en proposant la création d'une zone tampon au Maghreb. Si l'immigration clandestine constitue un danger aussi pour la sécurité du pays, l'Algérie n'a pas hésité à rejeter la proposition de l'UE tout en conditionnant sa contribution dans cette « guerre » contre les immigrants clandestins venant des pays subsahariens par une participation financière et matérielle conséquente de l'UE. Mais au moment où l'on est à la recherche d'une solution globale, les Etats européens, chacun de son côté, se sont échinés à mettre davantage de restrictions devant les prétendants à l'immigration légale. Des politiciens de la droite, au pouvoir ou qui veulent l'être, tels que Nicolas Sarkozy en France, se sont illustrés par leurs positions radicales par rapport au dossier de l'immigration clandestine. Sarkozy, qui en fait actuellement son cheval de bataille, plaide pour « une immigration choisie ». La Suisse a adopté le mois dernier une loi anti-immigration. En dépit de ces actions disparates, le problème reste toujours posé et l'Europe n'est toujours pas à l'abri de ce phénomène. Encore une fois, l'UE fait appel aux pays de la rive sud de la Méditerranée. Pourtant, lors du Conseil européen de Tampere en 1999, les Etats membres se sont engagés à combattre à sa source l'immigration clandestine afin d'établir une gestion plus efficace des flux migratoires en étroite collaboration avec les pays d'origine et de transit. Ces engagements n'ont pas été suivis par les actes. Ainsi, au-delà des discours politiciens des dirigeants européens, la problématique de l'immigration clandestine demeure posée et ne peut être solutionnée sans la participation de tous les pays concernés dans le cadre d'une stratégie commune.