Le désert ouvre l'esprit sur l'impondérable dans un décor féerique de sable et de soleil. Comme un désert est le premier ouvrage de Rabéa Douibi. Cette nouvelliste a d'abord enseigné la langue française durant 16 ans, avant de s'installer à Tamanrasset où elle gère avec son mari une agence de tourisme. Comme tous ceux qui vivent en permanence dans ces immensités désertiques, Rabéa Douibi a fini par se laisser envoûter par le sable et le soleil saharien qu'elle a appris à aimer, à comprendre et surtout qui lui a ouvert l'esprit sur les impondérables du désert qui peut être un paradis lorsque vous savez l'apprivoiser. Rabéa Douibi l'a surtout chanté dans diverses nouvelles qu'elle vient de publier aux Editions Anep. Cet ensemble de nouvelles retrace cette étape cruciale du vécu de notre pays: le terrorisme ainsi que les calamités qui en ont découlé. Aussi, évoque-t-elle à travers ces nouvelles le subliminal paysage du désert et le sens de la vie qui puise la force d'une régénérescence dans l'aridité du sol. Ainsi, Rabéa Douibi nous transporte dans un long voyage, où elle nous sert de guide. «Ce procès est pour demain», une de ses nouvelles, marque la tragique histoire vécue par Mustapha El Arif, brillant étudiant en médecine pris en otage par les adeptes du djihad. Ce jeune a subi une destinée fatale. Le jugement dernier. Lors de ce «grossier» procès, il est proposé à ce fils d'intellectuels à faire un choix difficile, mourir ou se battre aux côtés des fous de Dieu. Son dilemme: soigner ses «ennemis» et garder sa vie sauve, sinon désobéir avec la punition fatidique à savoir la mort. Devant ce choix cornélien sans issue, Mustapha, ce jeune plein de vie et futur médecin gardera ses idées claires. A amanrasset les réminiscences de cette tragédie harcèlent l'esprit de la nouvelliste qui ne pouvait s'en défaire qu'en rêvant de cet endroit magique et si beau qu'est Tagrara en souvenir de cette histoire qui eut lieu dans une mosquée de Bab El Oued. Quant à la deuxième nouvelle, c'est dans un village agricole du Hoggar que l'action se déroule. Channa et Oulay avec leurs 3 enfants sont les acteurs. La nouvelliste conte les péripéties de la jeune Lalla qui ont lieu dans le cadre familial. Cette nouvelle traduit les différentes étapes que traverse la gente féminine dans une société misogyne. Lalla, cette jeune fille intelligente, s'est heurtée à l'incompréhension de sa famille en particulier et de la société en général. Lalla est accusée de tous les maux par une société ankylosée dans des attitudes rétrogrades, décalée de son temps. La jeune fille n'a plus devant elle que la solution extrême, celle de la fuite. Malgré ces incompréhensions avec tout ce qu'elles peuvent avoir de velléitaire, la jeune Lalla réussira dans ses projets, ses études et finalement sa carrière. Lalla est l'image de la femme victime d'un sectarisme qui a la peau dure et surtout entrave l'avancée de la société dans son ensemble. D'autres nouvelles de Rabéa Douibi Par Amour, Le rescapé du désert, Correspondance intime, sont autant de points négatifs de la société algérienne, soulevés par l'auteur qui traite ces thèmes avec cette touche féminine que seule Radia a su concrétiser par écrit .La profondeur de ces textes n'a d'égale que la maîtrise de la langue française dont fait montre l'auteur alliée à un vocabulaire riche et bien choisi. Un régal pour les amoureux de la lecture. Comme un désert, de Rabéa Douibi Editions Anep, août 2004 103 pages.