Gouvernement et rebelles, qui s'affrontent depuis 20 mois, se sont mutuellement accusés mardi et hier d'avoir lancé de nouvelles offensives malgré la signature par la rébellion d'un accord - contesté par Juba - visant à mettre fin au conflit. «Il y a une attaque massive de la part des rebelles» dans la zone de Manyo, dans l'Etat du Haut-Nil (nord-est), «mais nous avons contre-attaqué pour nous défendre et les avons repoussés», a affirmé hier le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, le colonel Philip Aguer. «Vous ne pouvez pas signer un accord de paix et lancer une attaque quelques heures après», a souligné le colonel Aguer. Lundi soir, le chef de la rébellion Riek Machar a signé à Addis-Abeba un accord destiné à mettre fin au conflit. Malgré les menaces de sanctions internationales, le président Salva Kiir a refusé de le faire et obtenu un délai de 15 jours pour «mener des consultations». Les rebelles ont de leur côté affirmé mardi avoir été attaqués près de Pageri, localité stratégique située sur une route reliant la capitale à la frontière avec l'Ouganda, dont l'armée soutient M. Kiir depuis le début du conflit en décembre 2013. Le général rebelle James Koang Chuol a affirmé avoir pris Pageri à l'armée à l'issue de ces combats et contrôler désormais l'axe en question. Le colonel Aguer a qualifié ces informations de «mensonges». La réalité des combats et les affirmations des uns et des autres n'ont pas pu être confirmées de manière indépendante. Le président Kiir avait invoqué les dissidences de plusieurs puissants chefs rebelles opposés à l'accord de paix pour expliquer sa réticence à le signer, tandis que les rebelles accusent le camp présidentiel d'avoir réclamé un délai pour gagner du temps et tenter de s'imposer militairement. La communauté internationale, excédée par plus de 18 mois de négociations stériles à Addis-Abeba, n'ayant abouti qu'à une série de cessez-le-feu jamais respectés, avait menacé MM. Kiir et Machar de sanctions ciblées faute d'un accord avant le 17 août. Washington et Londres ont appelé mardi l'ONU à imposer des sanctions contre le camp présidentiel après son refus de signer l'accord de paix soumis à Addis-Abeba. Le conflit, né de la rivalité entre MM. Kiir et Machar à la tête du régime, accompagné de massacres et d'atrocités, a fait des dizaines de milliers de morts selon les analystes, chassé quelque 2,2 millions de Sud-soudanais de chez eux et poussé le pays au bord de la famine. Par ailleurs, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a exhorté mardi soir le Soudan du Sud à ratifier d'ici 15 jours le projet d'accord de paix proposé la veille à Addis-Abeba par les médiateurs internationaux.