L'armée sud-soudanaise a affirmé hier avoir perdu le contact avec ses troupes à Malakal, capitale de l'Etat pétrolier du Haut-Nil (nord-est) où la rébellion menée par l'ex-vice président Riek Machar a lancé une vaste offensive mardi. Cette offensive a fait voler en éclats le fragile cessez-le-feu que les belligérants avaient péniblement signé dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba il y a moins d'un mois. La rébellion dit désormais contrôler Malakal, mais la situation reste confuse. «Je n'ai aucun contact avec le commandement à Malakal», a dit le porte-parole de l'armée, Philip Aguer. Selon des sources humanitaires, l'aéroport de Malakal a été fermé mardi soir. Les rebelles se trouvaient alors dans la ville, mais, déjà, on ignorait s'ils contrôlaient l'ensemble de la capitale régionale ou seulement des proches. Le porte-parole des rebelles, Lul Ruai Koang, a indiqué que son camp repoussait les soldats loyaux au gouvernement de Juba dans la brousse. Il a cependant affirmé que les forces gouvernementales avaient les premières violé la trêve et qu'eux-mêmes n'avaient fait que répliquer. Les deux parties s'accusent mutuellement depuis des semaines de violer le cessez-le-feu signé fin janvier. Mais les combats à Malakal semblent les plus violents enregistrés depuis cette date. L'ONU a affirmé que dix personnes, des déplacées, avaient été tuées dans sa base de Malakal dans des «affrontements inter-communautaires». Au moins 20.000 déplacés sont réfugiés dans ce complexe depuis que les combats ont éclaté au Soudan du Sud mi-décembre. Le jeune pays est le théâtre de combats entre l'armée loyale au président Salva Kiir et la rébellion regroupée derrière Riek Machar depuis le 15 décembre. Les affrontements ont déjà fait des milliers de morts et quelque 900.000 déplacés. le conflit s'articule autour d'une lutte de pouvoir entre le chef de l'Etat et son ex-vice président, limogé en juillet. Le premier accuse le second d'avoir tenté un coup d'Etat. Riek Machar dément, et reproche en retour à Salva Kiir de ne chercher qu'à écarter toute compétition au sein du parti au pouvoir, le SPLM, issu de l'ex-rébellion sudiste qui a affronté Khartoum lors de la longue guerre civile (1983-2005) pré-indépendance, à l'approche d'échéances électorales en 2015. La rivalité politique a cependant très vite pris une dangereuse tournure ethnique: plusieurs massacres à caractère communautaire opposant les deux principales tribus du pays, les Dinka de Salva Kiir et les Nuer de Riek Machar, ont été dénoncés.