Le gouvernement sud-soudanais et les rebelles fidèles à l'ancien vice-président Riek Machar ont donné leur accord à un cessez-le-feu. Cette annonce a été faite par les médiateurs est-africains de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad). "Le président Salva Kiir et le Dr. Riek Machar ont accepté une cessation des hostilités et ont nommé des négociateurs pour parvenir à un cessez-le-feu effectif et surveillé", dit l'organisation dans un communiqué sans avancer de date. Machar a affirmé plus tôt dans la journée ne pas être prêt à un cessez-le-feu, ni même à rencontrer dans l'immédiat en face-à-face le président Salva Kiir,. Il a affirmé au contraire que la rébellion qu'il dirige marche sur la capitale Juba. Riek Machar a cependant confirmé l'envoi d'une délégation dans la capitale éthiopienne Addis Abeba pour entamer des pourparlers de paix avec le gouvernement de Juba. Les autorités éthiopiennes, après avoir dans un premier temps annoncé la venue de Riek Machar et de Salva Kiir en personne, ont confirmé que deux délégations, sans les deux rivaux, étaient attendues. Riek Machar a précisé que tout cessez-le-feu devrait d'abord être négocié. C'est pour cela que la délégation va à Addis Abeba, pour discuter et négocier, a-t-il expliqué via un téléphone satellitaire, ignorant l'ultimatum fixé par des pays de la région. Des dirigeants de pays d'Afrique de l'Est et de la Corne de l'Afrique, réunis au sein de l'organisation régionale Igad (Autorité intergouvernementale sur le développement), avaient donné jusqu'à avant-hier aux deux rivaux pour cesser les combats et entamer des pourparlers. Riek Machar a encore indiqué qu'il pourrait lui-même se rendre ultérieurement à Addis, en cas de progrès par les délégations. Sa propre équipe comprend notamment Rebecca Garang, femme politique influente, chef de l'ethnie dinka respectée et veuve du leader de la rébellion sudiste du temps de la guerre civile Nord-Sud contre Khartoum, décédé en 2005. Son propre déplacement à Addis va dépendre de la façon dont se passent les négociations, a-t-il indiqué. Je suivrai plus tard, une fois que les négociations auront débouché sur un cessez-le-feu. Cela dépendra donc de si et quand (ce cessez-le-feu) est atteint. Nous n'avons pas réclamé cette bataille, elle nous a été imposée, a ajouté Riek Machar, démentant une nouvelle fois avoir déclenché les récents combats en tentant de s'emparer du pouvoir par la force comme l'en accuse Salva Kiir. Le Soudan du Sud est déchiré depuis le 15 décembre par d'intenses combats alimentés par une rivalité entre le président Salva Kiir et son ex-vice-président Riek Machar, limogé en juillet. Le premier accuse le second de tentative de coup d'Etat. Riek Machar nie et reproche à M. Kiir de chercher à éliminer ses rivaux. Le conflit aurait déjà fait des milliers de morts et 180 000 déplacés. Des informations ont aussi émergé sur des massacres, viols, meurtres à caractère ethnique. Car si les combats sont alimentés par une vieille rivalité politique, ils revêtent aussi une dimension tribale : le conflit entre les deux hommes utilise et exacerbe les antagonismes entre Dinka, tribu de M. Kiir, et Nuer, celle de M. Machar.
Pas de partage de pouvoir Dans un entretien diffusé mardi par la BBC, Salva Kiir a assuré vouloir régler le conflit par des moyens pacifiques. Il a cependant souligné que les alliés de Riek Machar ne pourraient être libérés qu'en suivant le processus judiciaire. Vous n'enfermez pas juste des gens et le lendemain vous leur dites " Sortez, vous êtes libres ", a-t-il lancé, excluant aussi tout partage de pouvoir avec son ex-vice-président. Cet homme est un rebelle. Si vous voulez le pouvoir, vous ne vous rebellez pas pour recevoir le pouvoir, a-t-il déclaré. Quand je suis arrivé (au pouvoir), je ne l'ai pas fait via un coup militaire, je suis venu (au pouvoir) élu par le peuple. Ex-commandant rebelle lors de la guerre civile qui opposa longtemps Khartoum à Juba avant la signature d'un accord de paix en 2005, Salva Kiir avait été élu président peu de temps avant l'accès à l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011. Les Etats-Unis, parrains de l'indépendance du Soudan du Sud et son principal soutien depuis, multiplient les efforts mais disent faire face à une situation très compliquée et précaire. Le secrétaire d'Etat John Kerry a parlé quasiment tous les jours aux deux rivaux et l'émissaire américain Donald Booth était encore lundi à Juba pour pousser à l'ouverture de négociations.
Bor pas sous contrôle des rebelles Quant à l'information selon laquelle Bor serait sous le contrôle des rebelles, elle a été immédiatement démentie par le porte-parole de l'armée sud-soudanaise Philip Aguer selon lequel les combats ne sont "pas finis" dans cette ville stratégique située à 190 kilomètres au nord de Juba, la capitale. "La ville est toujours en partie entre nos mains, et en partie entre celles des rebelles", a souligné quant à lui Nhial Majak Nhial, le maire de Bor.
Menace de l'UA Lundi soir, l'Union africaine (UA) avait menacé de sanctions ciblées ceux qui incitent à la violence au Soudan du Sud et entravent les efforts pour mettre fin à deux semaines de combats dans le pays. Lors d'une réunion lundi soir en Gambie, le conseil de paix et de sécurité de l'UA s'est dit consterné par ce bain de sang qui a fait plus de mille morts en quinze jours dans ce pays indépendant depuis 2011.
L'UA imposera des sanctions ciblées Le conseil de Paix et de Sécurité de l'Union africaine (UA) a menacé de sanctions ciblées tous ceux qui inciteraient à la violence au Soudan du Sud, dans un communiqué publié avant-hier matin. Le Conseil exprime son intention de prendre les mesures appropriées, y compris des sanctions ciblées, contre tous ceux qui inciteraient à la violence, y compris suivant des clivages ethniques, a-t-il précisé. Il entend aussi sanctionner tous ceux qui poursuivraient les hostilités, saperaient le dialogue inclusif envisagé, entraveraient les opérations humanitaires, porteraient atteinte au mandat de protection de la Minuss (Mission de l'ONU au Soudan du Sud) et commettraient des actes de violence contre les civils et les combattants désarmés. Nawal Z.