Ils n'apprécient pas d'être accusés de faire de la rétention ou d'être à l'origine des pénuries cycliques qui frappent le marché national du médicament. Les membres de l'Association nationale des distributeurs pharmaceutiques algériens (Adpha) se disent indignés «face à ce qui s'apparente de plus en plus à une campagne de stigmatisation de l'ensemble de notre profession». En tant que professionnels de ce marché extrêmement sensible, ils se disent choqués de ne plus arriver à faire la part entre ce qui relève de la malveillance, de l'incompétence ou de la simple volonté de se défausser à peu de frais sur un «bouc émissaire». Il est reconnu que ce problème frappe d'abord des patients algériens en attente de produits de soins. «A ce titre, nous tenons à souligner, une fois de plus, que les perturbations observables aujourd'hui sur notre marché trouvent leur explication originelle dans la rupture de la chaîne d'approvisionnement en amont, faute de délivrance dans les temps voulus des autorisations d'importation correspondantes», est-il estimé. Que ces retards aient été justifiés par le souci légitime des autorités publiques de procéder à des renégociations de prix à l'importation avec les fournisseurs concernés ne change rien à l'essentiel, qui est que la chaîne physique des produits a été perturbée, ce qui a fini en bout de course par affecter la disponibilité des produits au niveau des utilisateurs finaux, estime l'association.Les professionnels soulignent que les effets d'une rupture touchant un médicament ne se résorbent pas immédiatement par le simple fait de mettre sur le marché une quantité suffisante de produits. Il est souligné que ce genre de rupture équivaut à un choc profond qui se diffuse dans tout le circuit et qui génère un phénomène bien connu d'aspiration des stocks à l'échelle de tous les acteurs, y compris des patients eux-mêmes qui, étant échaudés par ces mésaventures et par un sentiment d'insécurité bien compréhensible, procèdent à des réserves par précaution. Pour l'association, il paraît nécessaire de bien marquer que si l'existence de ruptures est avérée, elle ne touche pas non plus cette liste des 300 produits que certains mettent en avant. «Nous devons ainsi distinguer entre les ruptures absolues qui affectent dramatiquement des malades ne trouvant pas à se soigner, et des ruptures touchant, notamment, des produits de marque que les pouvoirs publics ont choisi délibérément de ne plus importer et qui se trouvent avantageusement remplacés par des produits génériques fabriqués localement, moins coûteux et d'une qualité thérapeutique similaire et reconnue», est-il souligné. Plusieurs marques signalées par les pharmaciens comme étant en rupture alors que leurs génériques similaires sont sur le marché et ces génériques constituent le portefeuille essentiel des produits fabriqués localement. Cest pourquoi l'Adpha souhaite se démarquer de cette attitude qui, au motif légitime de s'attaquer à un problème réel de rupture, contribue à semer l'amalgame sur le bien-fondé d'une politique publique de soutien au développement de la production nationale, laquelle a donné des résultats satisfaisants.