A moins de 100 jours de la conférence de Paris censée accoucher d'un accord pour contenir le réchauffement climatique, une nouvelle session de négociations se tient à partir d'aujourd'hui à Bonn, qui devrait enfin entrer dans le vif du sujet. Il ne reste plus que dix jours de négociations avant la conférence de Paris (COP21) qui tentera de parvenir à un accord permettant de contenir le réchauffement à 2 degrés. «Il faut accélérer le rythme des négociations», a averti mercredi le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Pendant cinq jours, du 31 août au 4 septembre, les représentants des parties à la convention de l'ONU sur le climat, signée par 195 pays, plancheront sur un nouveau texte élaboré cet été par les coprésidents des débats. Ce document, base de négociation pour un avant-projet d'accord, est censé être plus clair que le précédent mais maintient toutes les options, pour chaque question en discussion. Et les engagements nationaux de réduction de gaz à effets de serre (GES) annoncés jusqu'à présent - une soixantaine de pays responsables de près de 70% des émissions de GES - ne permettront pas de limiter le réchauffement à 2 degrés. La précédente session de négociations, en juin, n'avait abouti qu'à un toilettage du texte de négociation, poussant les participants à confier aux coprésidents la tâche de le clarifier. «Une grande progression a été réalisée par les coprésidents», s'est félicitée la négociatrice française Laurence Tubiana. «Maintenant, il faut réduire les options», c'est-à-dire les choix possibles, a-t-elle souligné. Ce qui ne sera pas simple. «On a parfois 8, 9 options listées» par thème, relève Pierre Cannet, du WWF France, soulignant qu'il est temps de «s'attaquer au fond». La troisième partie du document, qui recense les sujets encore en discussion car les plus épineux, contient pour l'instant «plein de choses», souligne Alden Meyer, du think tank Union of concerned Scientists. Parmi les thèmes en suspens figurent notamment la répartition de l'effort entre les pays riches - émetteurs historiques de GES, sources du réchauffement - et les pays pauvres et émergents. Une première partie, la plus brève, précise ce qui pourrait être inclus dans l'accord définitif de Paris et une 2e ce qui pourrait faire l'objet de décisions spécifiques de la COP21. Si les négociateurs parviennent à déplacer une partie des sujets sur lesquels il n'y a pas de consensus vers les parties 1 ou 2, «ce serait formidable», estime Liz Gallagher, de l'ONG E3G. Une réunion ministérielle informelle, qui a réuni près d'une cinquantaine de pays en juillet à Paris, a permis «une percée» dans les discussions, selon Mme Tubiana. Des avancées ont eu lieu sur des points clés, comme la nécessité d'un accord pérenne et un mécanisme régulier de réévaluation à la hausse de l'engagement collectif pour réduire les GES. Reste à voir si ces progrès «commenceront à se traduire dans les positions des pays sur le texte et si un sens du compromis ou un consensus émergera sur quelques questions», souligne Alden Meyer. Pour Liz Gallagher, «simplement essayer d'avoir à Bonn un peu de l'état d'esprit des ministres serait vraiment bien». Les deux processus - les rencontres au niveau politique et les négociations de l'ONU - «doivent être bien intégrés et se nourrir mutuellement» souligne Alden Meyer. «Clairement, l'orientation devra venir des ministres et des dirigeants» politiques. Dans cette optique, une nouvelle réunion ministérielle informelle se tiendra à Paris les 6 et 7 septembre, dans la foulée de la session de Bonn. D'autres réunions internationales suivront, notamment une rencontre de M.Ban Ki-moon et des chefs d'Etat le 27 septembre à New York, les assemblées de la Banque mondiale et du FMI en octobre à Lima et des rencontres bilatérales entre grands dirigeants.