Après un nouveau round de discussions sans grande avancée à Bonn, les politiques vont devoir s'impliquer dès maintenant dans la négociation de l'accord. A l'issue de la dernière assemblée plénière de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc), réunie du 1er au 11 juin en session à Bonn, quelques notes de musique cubaine ont accompagné les négociateurs dans leur départ. Les délégations des 196 membres de la convention ont sans doute apprécié cette ode à la légèreté, bienvenue après dix jours d'âpres négociations pour, d'une part, condenser le texte compilant les requêtes des différents pays en matière de lutte contre le réchauffement climatique et, d'autre part, clarifier la feuille de route jusqu'à la 21e Conférence des parties (COP21), en décembre à Paris. Après un nouveau round de discussions sans grande avancée à Bonn, les politiques vont devoir s'impliquer dès maintenant dans la négociation de l'accord sur le climat espéré à Paris pour faire avancer des débats englués dans des questions de forme, soulignent les experts. A six mois de la conférence de Paris et avec tout juste 10 jours de pourparlers officiels encore prévus d'ici là, la négociation doit passer à la vitesse supérieure si la communauté internationale veut parvenir à s'accorder sur les moyens de contenir le réchauffement global sous le seuil charnière de +2°C. Enferrés dans une minutieuse relecture collective de chaque paragraphe, les délégués des 196 membres de la Convention de l'Onu sur le climat ont quitté Bonn jeudi avec un projet de texte à peine plus court que la confuse version fourre-tout issue de la dernière session de Genève. Mais avant de se séparer, ils ont tous renouvelé leur souhait d'aboutir à un accord, et décidé de confier aux deux présidents des débats le soin de leur proposer un texte rationalisé et aminci d'ici leurs retrouvailles fin août. Un pas important, veulent croire participants et observateurs, qui durant cette quinzaine ont exprimé une préoccupation croissante au fil des jours. L'enjeu est de taille si l'on veut rallier tout le monde, sans risque de contestations de dernière minute, dans ce processus basé sur le consensus. ́ ́La confiance est installée. (Mais) nous pouvons la perdre! ́ ́, a prévenu l'un des coprésidents, Ahmed Djoghlaf, qui, avec l'ensemble de la communauté climatique, a tiré les leçons de l'échec de la conférence de Copenhague en 2009. ́ ́Un texte contraignant, ratifié par des gouvernements, incluant 196 parties, qui nous permettra d'affronter un défi sans précédent... ça ne peut pas se faire en une nuit! ́ ́. Alors en parallèle du processus onusien, les Etats devront s'activer pour commencer à parler du fond, tenter de trouver des points de convergence. Plusieurs réunions leur en fourniront l'occasion, comme celle, informelle, qui doit réunir les 20 et 21 juillet à Paris une quarantaine de ministres. Plusieurs sujets sensibles seront abordés: quels objectifs à long terme? quelles actions dès avant 2020, année d'entrée en vigueur de l'accord? quels mécanismes pour rehausser régulièrement les mesures nationales de réduction des gaz à effet de serre, source du réchauffement, pour tenir les 2°? L'accord de Paris sera au menu du G20, des assemblées de la Banque mondiale et du FMI, de l'AG de l'Onu.