Les négociateurs climat, qui n'ont plus que trois jours à Bonn pour préparer l'avant-projet d'accord contre le réchauffement en vue de la conférence de Paris en décembre, ont exprimé hier leur préoccupation devant la lenteur des tractations. «Nous avons seulement trois jours, je suis préoccupée par ce qui remonte des groupes de travail», a dit la négociatrice française, Laurence Tubiana, lors d'une séance plénière, reflétant un sentiment général de frustration au sein des délégations présentes à Bonn. «Je ne pense pas que ce mode de travail va nous conduire où nous devons être à la fin de la semaine. Il faut se ressaisir», a-t-elle prévenu. «Je sais que beaucoup de religieux veulent un accord sur le climat mais, franchement, il n'y a pas de miracle. Tout est entre vos mains», a-t-elle dit aux délégués. «Nous ne pouvons pas attendre» la conférence de Paris pour faire des compromis, selon elle. Si les ministres voyaient l'état d'avancement de la rédaction du projet d'accord, «beaucoup de délégués perdraient probablement la moitié de leurs salaires immédiatement», a ajouté Artur Runge-Metzger, médiateur d'un des groupes de travail. Les représentants de 195 pays ont pour mission de produire d'ici demain un projet d'accord clair et concis, rapprochant les positions et clarifiant les points de divergence que seuls les gouvernements pourront trancher à la COP de Paris (30 novembre-11 décembre). Mais, mardi, les débats n'ont guère progressé, ralentis par des batailles de procédures et les demandes d'amendements. «Nous sommes à un moment crucial et il y a de nombreux points sur lesquels les parties ne sont pas si éloignées», a dit l'ambassadrice sud-africaine, Nozipho Mxakato-Diseko, au nom des 134 pays en développement et émergents du groupe G77, appelant les parties à ne plus «ajouter de texte ou de nouvelles idées à ce stade». «Il nous faut à la fin de la semaine un texte que nous pourrons présenter à Paris comme le texte servant de base à la négociation», a-t-elle rappelé. «Nous ne pouvons laisser à nos ministres le soin de faire notre travail: c'est aux négociateurs de trouver un consensus sur la plupart des questions, pour ne laisser aux ministres que les questions politiques les plus sensibles». «Il y a des nuages, ce n'est pas une crise mais il y a du travail à faire», a pour sa part estimé Alden Meyer, du think tank américain Union of concerned scientists. «Tout le monde reconnaît qu'il faut aller un peu plus vers les autres. Comme l'a dit le Brésil, on doit commencer à travailler comme des +multilatéralistes+». Les ONG, qui ont un statut d'observateurs aux négociations climatiques, ont déploré hier avoir été exclues des groupes de travail, à la demande du Japon. Le groupe G77 a également critiqué cette décision des coprésidents des débats.