La démocratie marocaine a au moins un aspect positif: c'est qu'elle met à nu la véritable nature du système. La campagne électorale pour les élections locales, qui bat son plein dans ce pays, a donné au Premier ministre en poste, Abdelilah Benkirane, l'occasion de dévoiler le moyen de financement de ses adversaires. En effet, dans un meeting organisé par la formation islamiste majoritaire au Parlement, Benkirane a accusé les responsables du Parti authenticité et modernité (PAM), de faire dans le trafic de drogue. «Vous voulez corrompre les citoyens et les candidats avec l'argent que vous avez amassé en vendant de la poudre.» Une accusation qui ne peut souffrir aucune équivoque. Notons que ce responsable politique ne pouvait pas dire «kif», pour la simple raison que les barons de la drogue au Maroc lui en auraient fait voir de toutes les couleurs. Mais en tout état de cause, le mot est lâché et le trafic de drogue a très officiellement fait son entrée dans le débat politique au royaume. Les Marocains qui devinent certainement le poids du cartel de la drogue dans la désignation des responsables politiques, dans l'Exécutif, comme au Parlement, trouvent là une belle occasion pour déterminer les origines des problèmes que connaît leur pays. Mais la pression qu'exercent les narcotrafiquants sur la société marocaine empêchera certainement toute expression citoyenne, sur ce sujet précisément. Par conséquent, le monarque marocain qui est passé maître dans la corruption de journalistes français, peut à n'importe quel moment changer un Premier ministre, dont la langue a fourchu. Aussi, l'on s'attend à ce que Benkirane fasse ses excuses. Auquel cas, nous tiendrons la confirmation: la classe politique est noyautée par les trafiquants de drogue marocains.