Toutes leurs économies ayant été dépensées durant le Ramadhan et l'Aïd El Fitr, les familles doivent encore faire face aux dépenses de la rentrée scolaire et de l'Aïd El Adha. Après un Ramadhan ruineux, le double coup de grâce des dépenses supplémentaires pointe du nez avec la rentrée scolaire et l'achat du mouton de l'Aïd El Adha, une situation qui met les ménages à rude épreuve. En effet, les événements se succèdent et se ressemblent pour les ménages aux faibles revenus. Depuis les dépenses ramadhanesques et Aïd El Fitr, jusqu'aux dépenses de la rentrée scolaire et Aïd El Adha, en passant par les petits caprices de la saison estivale, les faibles et moyennes bourses n'arrivent plus à assurer leur quotidien vital. En somme, les fêtes religieuses au même titre que les dépenses de la rentrée scolaire donnent le tournis. Chaque famille tente, du mieux qu'elle peut, de satisfaire, un tant soit peu, l'une et l'autre obligation le tablier et le cartable dans un premier temps, en attendant la liste des fournitures scolaires, prévue comme à chaque fois, le jour même de la reprise des classes. Le mouton du sacrifice, pour la fête de l'Aïd El Adha, prévue le 23 du mois en cours, est aussi une obligation religieuse à ne pas négliger. Mais faudrait-il d'abord, savoir où donner de la tête pour pouvoir faire face à deux événements consécutifs. La crise que traverse l'Algérie, la dévaluation du dinar, sont autant de facteurs qui affectent de plus en plus le quotidien des ménages. Certains sont contraints de mettre leurs bijoux en gages au niveau de l'agence de prêt sur gage, ou les vendre carrément en contrepartie d'un petit pécule. D'autres ont recours à l'endettement, en attendant la fin du mois. Entre les uns et les autres, il y a ceux qui n'ont pas de bijoux à gager, encore moins quelqu'un pour leur prêter de l'argent. Ceux-là, ils sont très nombreux à recourir à la vente de leurs télévisions, ventilateurs, cuisinières et autres objets pouvant les aider à faire face à de telles dépenses. Le constat est alarmant. Il n'y a qu'à faire une virée au fameux marché aux puces du quartier «Mercis». Il ne s'agit pas d'étalage d'objets de greniers sans importance, mais d'articles domestiques que des mères et pères de familles ont cédé au bas prix, juste pour faire face aux exigences de la rentrée scolaire. En fait, le mouton de l'Aïd, pour la plupart, n'est pas à l'ordre du jour des dépenses. C'est dire que l'érosion du pouvoir d'achat des catégories sociales défavorisées renseigne sur la misère des ménages à Annaba, tout autant que pour d'autres à travers le pays où le mois de septembre, met à nu l'état de santé financier des familles algériennes. Des ménages qui subissent la mal-vie et la détresse en silence, dans un pays qui, après avoir brassé des milliards de dollars grâce à la vente du pétrole et du gaz, générant une embellie financière, des années durant sans discontinuer, n'a pas vu d'impact en matière d'amélioration du niveau de vie du simple citoyen. Une aisance financière qui, selon toute vraisemblance, a eu des retombées bien visibles pour certains dont le train de vie a été et demeure encore lié à cette manne financière. Si le montant moyen des dépenses des Algériens pour l'achat des vêtements des fêtes de l'Aïd et de la rentrée scolaire, cette année, varie entre 35.000 à 40.000 DA, on enregistre ainsi une hausse de près de 10% comparativement à l'année écoulée. Comment les travailleurs aux faibles salaires, soit de l'ordre de 5000 DA, pour le filet social et 8000 DA, pour certains agents des communes, à titre d'exemple, peuvent-ils joindre les deux bouts si la rentrée scolaire, elle seule, représente une dépense de l'ordre de 60.000 DA, pour une famille, avec trois enfants scolarisés. Quant aux dépenses des fêtes de l'Aïd, elles sont d'une moyenne de 100.000 DA, sans compter les autres frais de cette fête religieuse. Si l'aisance financière de notre pays a eu des échos à l'échelle internationale, de par le paiement anticipé de sa dette extérieure, de par aussi, l'effacement par l'Algérie de certaines dettes de pays voisins et le prêt accordé au FMI dont les retombées de cette politique semblent avoir eu un impact direct sur le niveau de vie des ménages algériens, ces derniers sont hélas, contraints aujourd'hui, de subir le plan d'austérité décrété par le gouvernement, après que les caisses de l'Etat eurent connu des réductions drastiques en matière de rentrées financières liées à la chute du prix du pétrole.