«Une image vaut mille mots.» Confucius Depuis quelques mois, la Toile algérienne pullule de vidéos scandales. Le wali de Batna qui se lâche sur les citoyens, l'employée d'Air Algérie qui manque de respect à un client, un directeur d'école qui frappe les écoliers le premier jour de la rentrée et plus récemment une jeune et belle femme divorcée qui explose, en dénonçant publiquement et à visage découvert un maire qui l'a harcelée et qui lui a exigé d'avoir une relation pour lui accorder un logement. Grâce aux nouvelles technologies et nouveaux smartphones, les citoyens algériens font leurs propres sujets, sans montage, sans musique et surtout sans commentaires. Dès qu'elles sont mises sur le réseau de vidéo YouTube, elles sont rapidement partagées sur les réseaux sociaux et récupérées par certains journaux électroniques, quotidiens de presse et même des télévisions, comme c'est souvent le cas d'Ennahar TV, Echourouk TV ou encore El Bilad TV, qui a réalisé un reportage intéressant sur l'impact de ses vidéos sur l'information et qui possède également un site qui partage régulièrement certaines vidéos scandales. Ce nouveau genre de médiatisation est apparu chez nous en l'absence de reportages sur la télévision publique ou même privée sur certains problèmes sociaux et de bureaucratie. Certains citoyens se sont même transformés en journalistes, dénonçant certaines situations indélicates. C'est le cas de ce citoyen qui a carrément mis en scène sa vidéo, en filmant sa montre, pour indiquer l'heure et en filmant le stand d'Air Algérie, vide de ses employés à l'aéroport de Londres, pour dénoncer le long retard de la compagnie aérienne. Très rapidement, cette vidéo a été récupérée par le site Algérie 1 pour en faire un sujet accablant contre la compagnie Air Algérie. Dans ce magma d'images, c'est la vidéo de la chef d'escale d'Air Algérie à Oran, Mme Naïma Hassaine, qui fait le plus dégâts et un énorme buzz. La jeune femme a été filmée à son insu par un client en colère, mettant en boîte des propos qu'elle a tenus dans un moment de colère. Cette vidéo a créé un tollé sur les réseaux sociaux et a été très vite récupérée par la presse écrite et électronique obligeant même la direction de la compagnie Air Algérie à réagir et à suspendre lemployée. Usant du même procédé, l'employée qui a vécu une semaine terrible, passant de statut d'employée anonyme au symbole de la hogra de la compagnie aérienne nationale, a été obligée de répondre à la vendetta et envoyer une lettre à la presse écrite et électronique pour s'en expliquer et surtout justifier son attitude. En l'absence d'une télévision ou d'un média qui défendait leurs intérêts et leur dignité, les Algériens ont de plus en plus recours à la vidéo pour dénoncer certaines injustices. Ce procédé existe couramment dans les autres pays arabes où la télévision et les médias font de la rétention d'information. C'est le cas notamment en Egypte et surtout au Maroc. L'impact de ces vidéos virales est considérable sur la société et l'opinion publique et depuis, la majorité des citoyens utilise le téléphone portable pour dénoncer et filmer certaines injustices. Ces procédés qui sont flagrants, butent néanmoins sur un vide juridique, le respect de la vie privée et surtout la vérification de l'authenticité de la vidéo. Ainsi, selon certaines sources, la vidéo du directeur qui frappe les enfants à la rentrée est ancienne et les services compétents ne peuvent pas vérifier son authenticité sans le témoignage des gens qui sont à l'image. Une situation médiatique et sociale compliquée qui risque d'avoir des incidences sur le comportement des Algériens dans les années à venir. [email protected]