«La photographie, c'est la vérité et la télévision, c'est vingt-cinq fois la vérité par seconde» Anonyme Le reportage diffusé par Ennahar TV sur les cités universitaires a créé une grande polémique sur les réseaux sociaux, mais il a surtout cassé un tabou, en dévoilant une face longtemps cachée de notre société. Dès la diffusion du reportage Serri djiden (Très secret), une grand panique a saisi les autorités, craignant les retombées de cette affaire. C'est finalement les réseaux sociaux et plus particulièrement Facebook qui a fait circuler la vidéo du reportage que la majorité des Algériens ont dû rater. La vidéo du reportage d'Ennahar TV publiée par plusieurs utilisateurs a dépassé les 200 000 vues en deux jours, ce qui est déjà un record. Le reportage d'Ennahar TV a véritablement créé le buzz. Mais aux yeux de nombreux facebookeurs et Algériens, le reportage est une honte et une atteinte à l'image des étudiantes et de l'université. Et pourtant, de nombreux reportages sur les sorties nocturnes des étudiantes ont été publiés dans la presse écrite et ont été rédigés et cela n'a pas soulevé le même tollé que le reportage de la télévision privée. Pourquoi? Pour la simple raison que c'est la première fois qu'une télévision algérienne privée dévoile en «images» ce phénomène. Et la société algérienne n'est visiblement pas encore prête à ce genre de révélation. Ce genre de reportage ou enquête filmée en caméra cachée, est légion sur les télévisions européennes ou anglo-saxonnes. On prend l'exemple de l'émission de Canal+ Lundi Investigation, qui filme souvent en caméra cachée et organise des filatures pour faire ses reportages. Il y avait également l'émission Les infiltrés qui était diffusée sur France 2 en 2008 et qui avait causé de nombreuses fois une polémique avec notamment le premier numéro: la vérité et la maltraitance dans les maisons de retraite, ou encore le travail au noir, les clandestins.... Les sujets de la prostitution ont été largement évoqués dans les sujets européens, mais également sur les télévisions arabes. C'est le cas, notamment des télévisions égyptiennes et libanaises mais aussi l'Entv qui avait réalisé un excellent reportage sur la prostitution. Le reportage a été réalisé en caméra embarquée avec une équipe de la police. Le reportage a fait également un large buzz sur Youtube et a été utilisé par les Marocains pour critiquer l'Algérie. Mais le reportage d'Ennahar TV, dont l'enquête a duré plus d'un mois, a été réalisé avec une équipe indépendante et les deux journalistes se sont infiltrées comme nouvelles étudiantes dans les cités universitaires pour réaliser leur reportage. Equipées de caméra miniature, la journaliste s'est plongée dans le milieu glauque des chambres universitaires. Elle a même réalisé la même prouesse au risque de sa vie pour le précédent reportage sur l'avortement clandestin. Un reportage plus grave, mais qui n'a pas suscité la même polémique. Ce genre de procédé d'infiltration a été testé avec risque par un autre journaliste algérien en France: Mohamed Sifaoui qui avait infiltré les réseaux parisiens d'Al Qaîda. Ce genre d'enquête d'investigation a néanmoins provoqué la panique chez les membres du gouvernement qui commencent à se méfier de la montée en puissance de cette chaîne privée. Pis encore, les autres télés privées, dont l'autorisation expire le 31 décembre, redoutent que ce genre de reportage va dissuader les autorités de ne pas renouveler les autorisations à la fin de l'année. [email protected]