Les flux sans pareil des migrants vers les pays européens ont créé une véritable crise dans ce continent Le drame des immigrés bravant la mer pour rejoindre les pays de l'Europe est appelé à perdurer tant que les crises dans leurs pays ne sont pas réglées. Un cimetière à ciel ouvert: jamais le qualificatif n'a été aussi convenable pour la Méditerranée que ces derniers mois. Chaque jour que Dieu fait, des vies humaines y sont laissées. Selon le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), pas moins de 2850 personnes, tentant de traverser la Grande Bleue sont mortes ou ont été portées disparues au large de cette mer entre le 1e janvier et le 7 septembre 2015. Effarant. Le bilan parle de lui-même. Durant cette même période, 381 412 migrants et réfugiés, fuyant leurs pays frappés par les guerres et les crises sécuritaires, ont rejoint l'Europe par la Méditerranée. Selon le HCR, la majorité est constituée de réfugiés car originaires de pays en conflit: 51% sont des Syriens, 14% des Afghans, 8% des Erythréens, 4% des Irakiens, 2% des Somaliens et 2% des Soudanais. Parmi eux, 258.365 sont allées en Grèce, 121.000 en Italie, 1953 en Espagne et 94 à Malte. En Grèce, le contingent de Syriens (69%) est plus élevé encore. Ils sont suivis des Afghans (20%) et des Irakiens (3%). Les flux sans pareil des migrants vers les pays européens ont créé une véritable crise dans ce continent où les dirigeants peinent à trouver des solutions à la situation. Des tensions ont été enregistrées dans plusieurs pays où les migrants avaient même eu à s'affronter aux forces de l'ordre qui tentaient de les empêcher de traverser leurs frontières. Le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU sur les migrations et le développement, Peter Sutherland, a insisté mardi à Genève sur la nécessité d'une «réponse globale» de la communauté internationale face à la crise des migrants. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a demandé, hier, aux Etats membres d'accueillir 120.000 réfugiés se trouvant actuellement en Hongrie (54.000), en Grèce (50.400) et en Italie (15.600), débordées par l'afflux de migrants aux portes de l'Europe. Cela au moment où le Premier ministre britannique, David Cameron, a réitéré qu'il ne voulait pas entendre parler de quotas de réfugiés. La Commission européenne a proposé de mettre sur pied un fonds d'urgence pour l'Afrique de 1,8 milliard d'euros, que les Etats de l'UE sont appelés à abonder, pour distribuer en priorité l'argent du développement à des pays de transit et d'origine de migrants, notamment économique. «La Commission propose aujourd'hui de mettre en place un fonds d'affectation spéciale d'urgence, doté initialement de 1,8 milliard d'euros provenant des moyens financiers de l'Union, afin de résoudre les crises qui frappent les régions du Sahel et du lac Tchad, la Corne de l'Afrique et l'Afrique du Nord», a déclaré son président Jean-Claude Juncker, lors de son premier discours sur l'Etat de l'UE devant le Parlement européen à Strasbourg. «Nous voulons aider à ramener durablement la stabilité, par exemple en créant des possibilités d'emploi dans les communautés locales et ainsi résoudre les causes profondes de l'instabilité, des déplacements forcés et de la migration clandestine», a-t-il ajouté. La création de cette nouvelle structure vise à ce que «les fonds puissent être affectés plus rapidement et sans paperasserie excessive», selon une note de la Commission. Il pourra financer des projets en Gambie et Mauritanie, au Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Mali, Niger, Nigeria et Sénégal, ainsi qu'à Djibouti, en Erythrée, Ethiopie, Tanzanie, Ouganda, au Kenya, Soudan et au Soudan du Sud. Cinq pays autour de la Méditerranée, la Libye, le Maroc, l'Egypte, la Tunisie et l'Algérie, pourront en bénéficier. Mais sur le terrain, la crise continue avec les milliers de migrants clandestins qui traversent quotidiennement les frontières européennes, à la recherche d'une vie paisible.