Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a demandé, hier, aux 28 Etats membres de l'UE de faire preuve d'audace et de solidarité en répartissant immédiatement 160.000 réfugiés. Juncker a souhaité un accord dès la semaine prochaine. Ce chiffre correspond à l'addition d'une précédente proposition de répartir 40.000 réfugiés arrivés sur le sol européen, avec une nouvelle proposition d'urgence portant sur 120.000 personnes se trouvant actuellement en Italie, en Grèce et en Hongrie. Cherchant à convaincre l'UE de dépasser ses divisions, il en a appelé aux grandes valeurs du projet européen. « Il est temps de faire preuve d'humanité et de dignité », a-t-il lancé devant les députés réunis dans l'hémicycle du Parlement européen à Strasbourg. En réaction à certains députés français qui avaient demandé d'accueillir exclusivement les réfugiés chrétiens, Juncker a spécifiquement demandé à ce que la religion des réfugiés, venus de pays à grande majorité musulmane, ne soit pas un critère de choix. L'appel du chef de la commission européenne a été très vite suivi par la chancelière allemande Angela Merkel qui a exigé une répartition « contraignante » des réfugiés, quitte « à bousculer » les plus réticents de ses partenaires européens. Mme Merkel a appelé ses partenaires européens à recevoir les dizaines de milliers de réfugiés qui se pressent aux portes de l'Europe. « La proposition de la Commission européenne, dit-elle, ne peut être qu'un premier pas. » Dans cette perspective, son porte-parole, Steffen Seibert, a indiqué, hier, que l'Allemagne est « ouverte » à l'idée d'un sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne sur la crise migratoire, « à la lumière des résultats » de la rencontre des ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'UE du 14 septembre sur le sujet. Si en Europe, le débat fait rage sur la répartition équilibrée du fardeau des réfugiés, la nécessité de s'attaquer aux origines du fléau s'est fait également ressentir. La Commission européenne a ainsi proposé de mettre sur pied un fonds d'urgence pour l'Afrique de 1,8 milliard d'euros, que les Etats de l'UE sont appelés à financer, pour distribuer en priorité l'argent du développement à des pays de transit et d'origine de migrants, notamment économiques. « Nous voulons aider à ramener durablement la stabilité, par exemple en créant des possibilités d'emploi dans les communautés locales, et ainsi résoudre les causes profondes de l'instabilité, des déplacements forcés et de la migration clandestine », a expliqué Junker, en précisant que ce fonds pourra financer des projets en Gambie, en Mauritanie, au Burkina Faso, au Cameroun, au Tchad, au Mali, au Niger, au Nigeria et au Sénégal, ainsi qu'à Djibouti, en Erythrée, en Ethiopie, en Tanzanie, en Ouganda, au Kenya, au Soudan et au Soudan du Sud.