A quelques jours de la fête de l'Aïd El Adha, le mouton revient au-devant de la scène et est l'objet de toutes les discussions. «Le mouton est inabordable», une phrase qui est devenue une ritournelle chez les habitants de la basse Kabylie. Une manière de dire que le sacrifice sera cher, très cher et ceux qui ne l'accompliront pas seront nombreux. Les citoyens s'affairent aux préparatifs pour célébrer cet événement religieux. Mais c'est loin d'être une sinécure. Le consommateur n'est épargné par aucun aspect. Du mouton de l'Aïd aux habits des enfants en passant par les fruits et légumes, tout y est, mais à quel prix! C'est encore la saignée. Une de plus. Ceux qui ne veulent rien rater du rituel en auront pour leur argent. Les plus malins ont pris déjà la résolution, du moins pour le sacrifice. Pas de mouton cette année, quitte à heurter la sensibilité des enfants. Au marché de bétail de Sidi Aïch, comme celui d'Amizour, le constat est le même. C'est à croire que les maquignons se sont entendus sur des prix à faire fuir les plus téméraires. Ceux dont les moyens sont réduits ne peuvent pas s'y aventurer. Un petit agneau ne se vend pas moins de 29.000 DA. C'est le prix! A prendre ou à laisser. Observer le rituel du sacrifice équivaut à une charge variant entre 30.000 et 70.000 DA. Qui pourra faire face à ces dépenses? Assurément pas les salariés et les fonctionnaires, eux qui ont eu déjà à se plier aux dépenses et autres sacrifices consentis depuis le début de la rentrée scolaire. Situation intenable pour de nombreux habitants de la basse Kabylie. Si certains optent pour l'achat de la viande, d'autres préfèrent le sacrifice collectif. Fort heureusement, la tradition existe encore. Dans certains villages, on n'hésite pas à cotiser pour l'achat d'un boeuf, d'autant plus que les textes religieux le permettent. «L'Aïd doit être vécu par tous», dit Saïd, chef du comité du village. Ses habitants vivront cette fête religieuse sur un pied d'égalité. Qu'elles sont belles nos traditions! Pourvu qu'elles survivent à tous ces vents de changement dit moderne mais sans esprit de solidarité et d'entraide. Les éleveurs rencontrés dans les marchés avancent toujours les mêmes arguments. Encore une fois, ce sont les charges qui sont mises en avant pour soutenir les prix appliqués. Le foin et autres aliments du bétail sont chers, disent-ils. Ces vendeurs occasionnels, l'espace de quelques jours, achètent des moutons des régions Ouest et Sud, pour les revendre à des prix forts. C'est l'aveu d'un revendeur connu sur la place de Béjaïa, dont certains quartiers se sont transformés en immense souks de cheptel et bétail et où à chaque espace sont proposés des moutons à des prix hors de portée. Le consommateur n'est pas au bout de ses peines. Les prix des fruits et légumes connaissent une hausse, que rien ne peut expliquer, excepté la spéculation. Si la pomme de terre s'est bien stabilisée, la tomate, la courgette, la carotte et autres légumes se sont envolés dans la quasi-totalité des marchés de la wilaya.