Le PAF est en train de connaître une grande révolution. Une révolution qui ne va pas améliorer son avenir. Après le rachat par Vincent Bolloré de toutes les actions du groupe Canal plus, le plus puissant homme d'affaires français est en train de tuer peu à peu l'esprit Canal, bâti sur la liberté d'expression, le divertissement et la dérision, Canal plus est en train de devenir peu à peu une télévision «normale» où rien ne se passe. Premier échec de la rentrée audiovisuelle, «Le Grand Journal» nouvelle version, considéré comme l'émission phare du groupe Canal. Le rendez-vous de début de soirée de Canal Plus (entre 18 h 50 et 20 h 10), a toutes les peines du monde à trouver son public. Son audience est en chute libre. L'arrivée de la journaliste-animatrice Maïtena Biraben n'a pas porté ses fruits. Jeudi 10 septembre, ils n'étaient plus que 611.000 téléspectateurs à suivre le talk-show. L'émission a été, en l'occurrence, devancée par les programmes des grandes chaînes (TF1, France 3, France 2, M6), mais aussi par «Touche pas à mon poste» (D8), «C à Vous» (France 5), «Secret Story» (NT1) et... «Les Ch'tis vs Les Marseillais» (W9)! C'est une catastrophe pour cette émission de talk-show qui a l'habitude de faire le buzz. D'autant que, c'est la troisième baisse d'audience consécutive. Lundi 7 septembre, pour sa remise à l'antenne, malgré la présence du Premier ministre français Manuel Valls, moins d'un million de téléspectateurs (915 000 personnes) avaient suivi les débuts de la remplaçante d'Antoine de Caunes, remercié par Vincent Bolloré, le nouveau «propriétaire» de Canal Plus. L'an dernier, à la même époque, 1,1 million de téléspectateurs avaient assisté au retour d'Antoine de Caunes. On reproche à la nouvelle guide de l'émission d'en faire une simple version quotidienne du «Supplément» - l'émission dominicale de la chaîne cryptée. Elle manque de rythme, fait l'infotainment, genre qui mélange l'information et le divertissement. Le renvoi du chroniqueur politique Jean-Michel Aphatie, la suppression de miss météo et le décalage des Guignols a véritablement pesé lourd sur l'identité du Grand Journal qui avait gardé cet esprit, durant plus de 10 ans. Même la couleur du décor n'est plus la même. Le passage du bleu clair à l'orange doré n'a pas eu son effet escompté. L'autre grand changement à Canal plus c'est la disparition de l'âme des Guignols de l'info: PPD. La marionnette de Patrick Poivre-d'Arvor dans Les Guignols de l'info, qui officiait en tant que présentateur vedette du show depuis 1990, ne présentera plus l'émission satirique culte de Canal plus. Il a été tout simplement viré. La raison avancée de ce choix éditorial est simple: l'émission ne fera plus concurrence aux JT des chaînes historiques et dans ces conditions, son présentateur emblématique est le premier à en faire les frais. Les sujets traités seront également différents. Le programme serait en outre davantage tourné vers les sujets internationaux, délaissant ainsi les polémiques nationales. Même si le groupe français Vivendi, a annoncé vendredi 11 septembre l'acquisition des Studios de Boulogne, il n'en a pas gardé l'esprit de l'espace. Le groupe, qui dispose d'environ 9 milliards d'euros de trésorerie, poursuit ainsi sa stratégie d'acquisitions pour se renforcer dans les médias et acheter de nouveaux supports. [email protected]